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Les acouphènes, ces bourdonnements ou sifflements perçus sans source sonore externe, affectent 10 à 15 % de la population mondiale, constituant une source majeure de gêne dans la vie quotidienne. Malgré diverses hypothèses étiologiques, la cause exacte de nombreux cas d’acouphènes est restée insaisissable. Cependant, une étude américaine récente, publiée dans la revue Nature en novembre 2023, a ouvert de nouvelles voies dans la compréhension de cette condition, en identifiant une cause inédite.
Historiquement, les acouphènes ont été associés à des perturbations dans l’oreille interne et le nerf auditif, avec environ 80 % des cas liés à une baisse de l’audition. Toutefois, la genèse des 20 % restants est restée énigmatique. Les travaux antérieurs ont mis en évidence diverses hypothèses, notamment les traumatismes auditifs et les désordres neurologiques, sans pour autant fournir une explication exhaustive.
L’étude menée par des chercheurs du Massachussetts Eye and Ear Hospital à Boston a révélé le rôle crucial du nerf cochléaire dans l’apparition des acouphènes. Selon le Professeur Stéphane Maison, co-auteur de l’étude, une dégradation de ce nerf entraînerait une “perte auditive cachée”. Cette affection se caractérise par une audition normale en termes de volume, mais une compréhension altérée des sons. Le nerf cochléaire, essentiel pour la clarté et l’intelligibilité du son, jouerait ainsi un rôle central dans la genèse des acouphènes.
Pour l’étude, plus de 200 participants, dont certains souffraient d’acouphènes malgré une audition “normale”, ont été exposés à des sons de type clics. Les résultats ont mis en évidence une hyperactivité du cerveau chez les individus atteints d’acouphènes, suggérant une compensation pour la “perte auditive cachée”. Ces données indiquent une corrélation directe entre la dégradation du nerf cochléaire et l’apparition des acouphènes, soulignant l’importance de la clarté sonore dans leur pathogenèse.
Cette découverte marque un tournant potentiel dans la prise en charge de l’acouphène. Actuellement, il n’existe aucun traitement curatif, et les options thérapeutiques se limitent à l’atténuation des symptômes. La compréhension du rôle du nerf cochléaire dans les acouphènes ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques, notamment celles visant à restaurer la clarté sonore et à réduire l’hyperactivité cérébrale. Comme l’indique le Professeur Maison, cette avancée rapproche la possibilité d’un traitement curatif de la réalité.
L’identification d’une nouvelle cause des acouphènes par cette étude révolutionnaire offre un espoir tangible pour les millions de personnes affectées. En élargissant notre compréhension de cette condition complexe, elle pose les jalons pour le développement de traitements plus efficaces et ciblés, marquant un progrès significatif dans le domaine de l’audiologie et de la santé neurologique.
L’ensemble des audioprothésistes Audition Marc Boulet sont formés à la prise en charge des acouphènes et des surdités cachées. Marc Boulet et Jerôme Lefeuvre travaillent depuis de nombreuses années sur le thème des acouphènes et des surdités cachées.
Hidden hearing loss and tinnitus: Utility of the high-definition audiograms in diagnosis. Jérôme Lefeuvre 1 2, Julie Chedeau 3 4, Marc Boulet 3 4, Gérald Fain 4, Jean-François Papon 4 5 6 7, Yann Nguyen 2 8 9, Jérôme Nevoux 4 5 10
Affiliations
1Audition Lefeuvre, Paris, France.
2AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service d’Oto-Rhino-Laryngologie, Unité d’otologie, Implants Auditifs et Chirurgie de la Base du Crâne, Paris, France.
3Audition Marc Boulet, Athis-Mons, France.
4AP-HP, Hôpital Bicêtre, Service d’Oto-Rhino-Laryngologie, Le Kremlin-Bicêtre, France.
5Faculté de Médecine, Université Paris-Saclay, Le Kremlin-Bicêtre, France.
6Inserm, U955, Créteil, France.
7CNRS, ERL 7240, Créteil, France.
8Faculté de Médecine, Université Sorbonne, Paris, France.
9Inserm, UMR S-1159, Paris, France.
10Inserm, U1120, Institut Pasteur, Paris, France.