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Des chercheurs de l’Université de Fudan, à Shanghai, ont annoncé lors d’un congrès spécialisé à Bruxelles une percée médicale remarquable. Quatre enfants, sourds de naissance, ont retrouvé une audition quasi normale après un traitement par thérapie génique. Cette réussite, la première de ce genre, marque une étape significative dans la restauration d’un sens par modification génétique chez l’homme. Il s’agit du premier traitement de la surdité par thérapie génique.
Natalie Loundon, de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, souligne l’importance de cette découverte qui ouvre la voie à de futures thérapies pour d’autres causes génétiques de surdité. Les enfants traités avaient une mutation génétique rare qui les privait d’otoferline, une protéine clé pour la transmission du son entre les cellules ciliées sensorielles et le nerf auditif. L’introduction d’un gène de secours via un vecteur viral a permis de rétablir leur audition.
Ce succès s’explique par plusieurs facteurs. Natalie Loundon met en avant que la mutation de l’otoferline n’affecte pas le développement des cellules ciliées ni les structures de l’oreille interne. Cette thérapie avait été testée avec succès chez la souris dès 2018, après la découverte de la mutation et du gène de l’otoferline par l’équipe de Christine Petit à l’Institut Pasteur.
Les chercheurs chinois de Refreshgene Therapeutics, en collaboration avec Zheng-Yi Chen de l’hôpital Mass Eye and Ear de Harvard, ont mené ce projet innovant. Le succès de cette méthode génère de l’espoir pour d’autres essais cliniques, notamment ceux lancés par Regeneron Pharmaceuticals, Eli Lilly, et la société française Sensorion. Ces essais prometteurs visent à traiter un plus grand nombre d’enfants aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne et à Taïwan.
Actuellement, les surdités profondes d’origine génétique sont traitées par des implants cochléaires. Bien qu’efficaces, ces implants sont coûteux et offrent des résultats variables. La thérapie génique, en revanche, propose une solution plus naturelle et potentiellement définitive, car elle répare directement les cellules auditives.
Natalie Loundon insiste sur l’importance de généraliser des techniques de dépistage plus précises dans les maternités, comme les potentiels évoqués auditifs, pour détecter toutes formes de surdités dès la naissance. Cette avancée dans la thérapie génique pourrait bientôt offrir une meilleure chance de retrouver une audition normale à de nombreux enfants. Le traitement de la surdité par thérapie génique devrait se généraliser dans ce genre de cas et serait une bonne alternative à l’appareillage de l’enfant.