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L’impact de la perte auditive au cours de la vie est bien compris : elle peut affecter négativement de nombreux aspects individuels et sociétaux. Lorsque la perte auditive n’est pas identifiée précocement ou qu’il n’existe pas d’intervention efficace, elle peut affecter la communication, le développement du langage parlé, la réussite éducative, l’interaction sociale, la fonction cognitive et la qualité de vie globale, en plus de ses coûts pour l’individu et la société. Des estimations mondiales ont indiqué que plus de 5 % de la population souffrent d’une perte auditive modérée ou plus grave, et environ 90 % de ces personnes vivent dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, qui n’ont souvent pas les ressources physiques, économiques et humaines pour faire face à la perte auditive. De plus, de nombreux cas de perte auditive sont dus à des causes évitables.
Des efforts sont déployés dans le monde entier pour prévenir la surdité, mais sa prévalence augmente et la contribution réelle de chaque cause de perte auditive à la prévalence globale est inconnue. Des données de haute qualité sur les maladies de l’oreille et la surdité sont nécessaires pour développer des stratégies et des politiques fondées sur des preuves pour prévenir la perte auditive. Pour pallier ce manque de données, Kavita Prasad et ses collègues ont réalisé une étude basée sur une revue ciblée et systématique, publiée dans The Lancet Global Health.
Cette étude, réalisée en conjonction avec la Commission Lancet sur la Perte Auditive, visait à estimer le nombre mondial de cas de surdités résultant de certaines maladies évitables (à savoir, la méningite, l’otite moyenne, le syndrome de rubéole congénitale et le cytomégalovirus) et l’ototoxicité induite par les médicaments (aminoglycosides, chimiothérapie au platine et antipaludéens).
Les auteurs ont utilisé des revues systématiques précédemment publiées ; lorsque ces données n’étaient pas disponibles, ils ont effectué une revue systématique rapide. Les cas mondiaux de perte auditive pour chaque cause ont été estimés par an ; et, pour la prévalence de la perte auditive liée à l’otite moyenne, une estimation publiée a été utilisée. Sur la base de ces données, les auteurs ont estimé l’incidence annuelle des cas de surdité découlant de chaque cause. Ils ont constaté que les causes évitables (y compris la méningite, le syndrome de rubéole congénitale, le cytomégalovirus, les médicaments ototoxiques et l’otite moyenne) contribuent de manière substantielle au fardeau mondial de la perte auditive tout au long de la vie, ce qui souligne la nécessité de donner la priorité à la prévention de la perte auditive dans le monde entier.
Cet article comprend également des recommandations clés importantes pour la prévention primaire, secondaire et tertiaire de la perte auditive, qui peuvent encourager les discussions politiques concernant de nouvelles pratiques de santé publique tout en mettant l’accent sur celles déjà établies et recommandées par l’OMS, telles que la vaccination, les programmes de dépistage et l’identification et le traitement précoces de la perte auditive.
En plus de ces causes de perte auditive, d’autres causes importantes de perte auditive, telles que les maladies chroniques et l’exposition au bruit ou aux produits chimiques, présentent un risque pour l’audition des individus à différentes étapes de la vie.
Une étude précédente a trouvé des associations significatives entre la surdité et les maladies chroniques, telles que le diabète et l’hypertension, qui sont des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. Cependant, des investigations supplémentaires sont nécessaires pour clarifier si ces résultats sont dus à une relation causale possible ou simplement à une corrélation due à des processus biologiques communs.
En ce qui concerne le bruit professionnel, environ 16 % de la perte auditive chez les adultes est liée à l’exposition à des niveaux élevés de pression sonore. De plus, environ 50 % des individus âgés de 12 à 35 ans sont à risque de perte auditive en raison de l’exposition à des niveaux élevés de pression sonore pendant leur temps libre (à partir d’appareils audio personnels, en assistant à des événements sportifs, des concerts et d’autres activités bruyantes).
Les données sur l’exposition aux produits chimiques ototoxiques sont rares. En Europe, environ 11 % des travailleurs ont déclaré être exposés à des solvants et des diluants, et 14 % ont déclaré manipuler des produits chimiques. Aux États-Unis, plus de 30 millions de travailleurs sont exposés à des produits chimiques dangereux sur leurs lieux de travail, dont beaucoup présentent un risque pour l’audition.
Même si ces maladies et agents peuvent affecter négativement l’audition tout au long de la vie et que certains sont des préoccupations importantes de santé publique (par exemple, le bruit), les données empiriques mondiales sur la contribution de chacun de ces facteurs de risque à la prévalence de la surdité sont limitées. Par conséquent, des recherches supplémentaires et des efforts gouvernementaux sont à la fois essentiels et urgents pour combler ces lacunes et aider à définir d’autres priorités pour prévenir la perte auditive, en plus de celles discutées dans l’article de Prasad et ses collègues.
Article original: https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(23)00514-4/fulltext