Définition de la névrite vestibulaire

La névrite vestibulaire, également appelée neuronite vestibulaire ou labyrinthite aseptique, est un trouble caractérisé par une inflammation soudaine ou une lésion du nerf vestibulaire, qui fait partie du système vestibulaire dans l’oreille interne. Comme le système vestibulaire assure le maintien et l’équilibre du corps ainsi que la stabilisation du regard, la névrite vestibulaire qui se manifeste par une perte soudaine et unilatérale des informations vestibulaires est une cause courante de vertige périphérique.

A quoi sert le nerf vestibulaire?

Le nerf vestibulaire, une composante essentielle du système vestibulaire localisé dans l’oreille interne, joue un rôle crucial dans la transmission d’informations sensorielles concernant l’orientation de la tête par rapport au corps. Ce nerf sensitif se divise en deux branches principales : la branche supérieure et la branche inférieure, qui sont toutes deux connectées au ganglion vestibulaire.

Causes de la névrite vestibulaire

La cause exacte de la névrite vestibulaire n’est pas toujours claire, mais elle est souvent associée à une infection virale qui affecte l’oreille interne ou les nerfs associés. Les virus impliqués peuvent inclure ceux de la grippe, des oreillons, de l’Herpès simplex, de la mononucléose, et d’autres infections respiratoires supérieures. Moins fréquemment, cette maladie peut être causée par une infection bactérienne ou être une complication d’une autre maladie. Dans de rares cas, un dysfonctionnement vasculaire peut également être à l’origine de cette affection.

Physiopathologie

La névrite vestibulaire résulte d’une interruption soudaine de l’activité d’un nerf vestibulaire

La physiopathologie de la névrite vestibulaire implique l’inflammation du nerf vestibulaire qui entraîne une interruption des signaux envoyés au cerveau concernant la position et le mouvement du corps. Cela provoque une asymétrie dans l’entrée nerveuse entre les deux oreilles (entraînant une asymétrie marquée des activités des noyaux vestibulaires centraux), menant à des vertiges et à des déséquilibres. L’inflammation peut être due à la réponse immunitaire du corps à une infection, causant des dommages au nerf vestibulaire et aux structures environnantes.

Ce déséquilibre est à l’origine des symptômes de vertige, de nystagmus, de troubles de l’équilibre, ainsi que de nausées et de vomissements observés dans la phase aiguë. Avec le temps, grâce à la plasticité neuronale, les neurones du côté affecté récupèrent une activité normale, permettant un retour progressif à l’équilibre.

Symptômes

Typiquement, la névrite vestibulaire se manifeste par un vertige rotatoire intense survenant brusquement, accompagné de nausées et de vomissements. Les symptômes auditifs tels que la surdité ou les acouphènes sont absents. L’intensité des vertiges peut souvent conduire les patients à consulter en urgence.

L’analyse par vidéonystagmographie révèle un nystagmus périphérique spontané, horizonto-rotatoire et unidirectionnel, qui diminue en amplitude et en fréquence lors de la fixation visuelle. La phase rapide du nystagmus est orientée vers l’oreille saine. L’examen neurologique est par ailleurs normal. Les symptômes vestibulaires tendent à régresser en quelques jours, bien qu’une sensation de déséquilibre puisse persister plus longuement.

Les symptômes de la névrite vestibulaire peuvent inclure :

  • Vertiges sévères, qui sont souvent soudains et peuvent durer plusieurs jours.
  • Nausées et vomissements.
  • Difficultés à maintenir l’équilibre, surtout en marchant.
  • Nystagmus, un mouvement rapide et involontaire des yeux.
  • L’absence de symptômes auditifs comme la perte d’audition distingue la névrite vestibulaire d’autres maladies telles la labyrinthite.

Diagnostic de la névrite vestibulaire

Pour diagnostiquer une névrite vestibulaire, le médecin généraliste ou l’oto-rhino-laryngologiste (ORL) commencera par interroger le patient afin de recueillir des informations détaillées sur ses symptômes. Un examen minutieux est essentiel pour identifier les signes caractéristiques de cette affection. Il est notamment crucial de vérifier la stabilité du nystagmus : le mouvement des yeux du patient doit être stable et coordonné lorsqu’il déplace son regard lentement de droite à gauche et de haut en bas, sans mouvements désordonnés.

L’absence de surdité, de lésions au tympan, de fièvre, de raideur de la nuque et de migraines suggère la présence d’une névrite vestibulaire plutôt qu’un vertige d’origine centrale, qui est potentiellement plus sévère.

Examens Complémentaires

Les tests caloriques et rotatoires permettent de confirmer l’aréflexie du nerf canalaire horizontal et d’exclure une cause centrale. Du côté affecté, la réponse aux stimulations chaudes ou froides et à la rotation de la tête est absente, avec seulement un nystagmus destructif enregistré. Ces tests attestent de la dysfonction du nerf canalaire horizontal.

Les potentiels évoqués myogéniques, déclenchés par des stimuli sonores, montrent dans deux tiers des cas une réactivité normale du saccule et des voies sacculo-spinales, indiquant que le nerf sacculaire et, par extension, le nerf vestibulaire inférieur restent fonctionnels. Cependant, dans un tiers des cas, les réponses sacculaires sont absentes, ce qui indique une atteinte plus diffuse du nerf vestibulaire.

Les formes n’affectant que le nerf vestibulaire inférieur ont souvent un bon pronostic et se résolvent généralement en moins d’un an. Les névrites affectant à la fois les branches supérieure et inférieure ont un pronostic moins favorable.

Comment guérir d’une névrite vestibulaire ?

Le traitement initial vise à soulager les symptômes aigus de vertige et de vomissements, souvent par l’isolement du patient et l’administration d’antivertigineux majeurs, d’antiémétiques, et parfois de sédatifs. La corticothérapie peut être préconisée pour réduire l’inflammation, et des antiviraux peuvent être administrés si une cause virale est suspectée. 

Une fois la phase aiguë passée, la mobilisation précoce du patient est cruciale pour promouvoir la compensation vestibulaire centrale. La rééducation vestibulaire, réalisée par des kinésithérapeutes spécialisés, aide à restaurer les fonctions d’équilibration normales.

Traitement de la névrite vestibulaire

Le traitement de la névrite vestibulaire se concentre donc principalement sur la gestion des symptômes et l’aide à la récupération du système vestibulaire :

  • Médicaments:

    • Antivertigineux: Des médicaments comme la méclizine ou le diazépam peuvent être utilisés pour réduire les vertiges.
    • Antiemétiques : Pour contrôler les nausées et les vomissements, des médicaments tels que l’ondansétron ou le métoclopramide sont prescrits.
    • Corticostéroïdes : Dans certains cas, des corticostéroïdes comme la prednisone peuvent être utilisés pour réduire l’inflammation du nerf vestibulaire.
  • Rééducation vestibulaire :

Une fois les symptômes initiaux gérés, la rééducation vestibulaire est souvent recommandée. Cette thérapie consiste en une série d’exercices spécifiques conçus pour aider le cerveau à compenser les déficiences du système vestibulaire.

  • Suivi et soutien :

Le suivi régulier est crucial pour ajuster le traitement et surveiller les progrès de la réhabilitation. Le soutien psychologique peut également être bénéfique, car les vertiges persistants peuvent affecter l’humeur et la qualité de vie.

Est il possible de conduire avec une névrite vestibulaire?

Il est formellement déconseillé de conduire lors d’un névrite vestibulaire car la névrite peut provoquer

  • Une perte de l’équilibre et des vertiges :

Les vertiges et la désorientation peuvent rendre dangereuse la conduite d’un véhicule. La perte soudaine d’équilibre ou les vertiges sévères peuvent causer une incapacité à se concentrer sur la route, à contrôler le véhicule, ou à réagir rapidement en cas d’urgence.

  • Un nystagmus :

Le nystagmus affecte la vision, ce qui peut gravement compromettre la capacité de voir clairement les obstacles ou les signaux routiers. Ceci est particulièrement risqué lors de la conduite, où une vision claire et stable est essentielle.

  • De la fatigue et des nausées :

La fatigue extrême et la nausée sont fréquentes chez les personnes atteintes de névrite vestibulaire, réduisant encore la capacité à conduire de manière sûre.

Est il possible de prendre l’avion avec une névrite vestibulaire?

Il est possible de prendre l’avion avec une névrite vestibulaire, mais cela nécessite des précautions spécifiques. La décision doit être prise en consultation avec un ORL, en tenant compte de la sévérité des symptômes et de la réponse du patient aux traitements antérieurs. Les mesures préventives, telles que l’utilisation de médicaments appropriés et le choix judicieux des sièges dans l’avion, sont essentielles pour assurer un voyage sûr et confortable. Les passagers atteints de névrite doivent être préparés à gérer une aggravation possible des symptômes pendant le vol.

Conclusion

La névrite vestibulaire présente souvent un tableau clinique sévère mais son pronostic est généralement favorable avec un traitement approprié et une rééducation ciblée. Le suivi régulier et les tests répétés sont essentiels pour assurer une récupération optimale de la fonction vestibulaire.

Références Scientifiques

Plusieurs études et revues fournissent un aperçu détaillé de la névrite vestibulaire. 

  • Strupp et al. (2019) dans leur revue sur les troubles vestibulaires, expliquent les mécanismes pathophysiologiques et les options de traitement. 
  • Une autre source importante est l’article de Kim et Zee (2010) dans le “New England Journal of Medicine”, qui discute des stratégies de diagnostic et de gestion des vertiges.

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