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Contrairement aux idées reçues, une nette majorité des salariés des secteurs des services (54 %) et de l’administration (60 %) sont également exposés au bruit à leur poste de travail. Près de six salariés sur dix (59 %) déclarent être personnellement gênés par les nuisances sonores, dont 19 % « souvent ». Ces chiffres sont en augmentation (+7 points entre 2017 et 2018), soulignant l’évolution d’une perception longtemps cantonnée aux secteurs industriels.
Prendre soin de son capital auditif à tout instant de la vie est un facteur clé de santé, pourtant cet axe de qualité de vie est trop peu souvent pris en compte dans le milieu du travail. Autre enseignement corroborant l’impact négatif des nuisances sonores sur la productivité au travail: une majorité de sondés considère qu’elles peuvent entraîner des problèmes d’audition comme la perte de l’audition et le développement d’acouphènes (56% dans les deux cas), tandis que plus des deux tiers pointent des conséquences à plus long terme, allant jusqu’à mettre en avant le risque d’une certaine lassitude à l’égard de leur travail.
Le bruit au travail a également des conséquences à titre personnel, sur la santé physique et psychologique, car 87% des personnes interrogées déclarent qu’il peut entraîner de la fatigue, 79% des maux de tête et 75% du stress. Sachez que plusieurs articles du code du travail réglementent les seuils d’exposition au bruit des travailleurs et instaurent une valeur limite d’exposition.
Cette gêne sonore a des répercussions multiples, sur la santé auditive, le bien-être psychologique, la performance et l’engagement au travail. Pourtant, le bruit est encore trop souvent perçu comme un désagrément mineur, surtout dans les secteurs dits « calmes ».
Plus de la moitié des salariés interrogés considèrent que le bruit au travail peut provoquer une perte d’audition (56 %) ou des acouphènes (56 %). Ces risques sont corroborés par la littérature scientifique :
Il est essentiel de rappeler que la perte auditive professionnelle est reconnue comme une maladie professionnelle dans plusieurs pays européens, dont la France.
Le bruit n’impacte pas seulement l’audition. Il affecte le corps dans sa globalité, avec des conséquences bien documentées sur la santé psychique et physique :
Une étude longitudinale (Basner et al., The Lancet, 2014) souligne que même des expositions à faible niveau peuvent perturber la mémoire de travail, la concentration, et augmenter les erreurs professionnelles.
Outre les conséquences sanitaires, les nuisances sonores dégradent la productivité et le climat de travail. Plusieurs études mettent en lumière des liens directs entre exposition au bruit et performance :
De plus, les salariés évoquent un phénomène de lassitude et de désengagement à long terme, souvent méconnu des employeurs, mais très prégnant dans les environnements bruyants non reconnus comme tels.
Les dernières études confirment une aggravation de l’exposition au bruit en milieu professionnel. Selon une enquête Ifop pour l’Association Nationale de l’Audition publiée en octobre 2024, 62 % des actifs se déclarent gênés par le bruit sur leur lieu de travail, soit une augmentation de 10 points en un an. Cette gêne est particulièrement marquée chez les salariés en open space, atteignant 74 %.
Par ailleurs, une étude de Santé publique France révèle qu’en 2019, plus de 5,3 millions de travailleurs étaient exposés à des niveaux sonores supérieurs à 70 dB(A) sur une journée de travail de 8 heures, dont 35,8 % à des niveaux lésionnels (≥80 dB(A)). Les secteurs du BTP, de la mécanique et du travail des métaux sont les plus concernés
Le Code du travail (articles R.4431-1 à R.4437-4) encadre l’exposition au bruit :
Le rôle du médecin du travail devient alors central dans la prévention, par :
Prendre soin de son capital auditif doit devenir un axe stratégique de prévention en santé au travail. Ce sujet, encore trop souvent relégué à des enjeux techniques ou de confort, est en réalité un facteur déterminant de santé publique. Les professionnels de santé, et en particulier les médecins du travail, les ORL et les audioprothésistes, ont un rôle clé pour accompagner les entreprises et les salariés dans une meilleure prise en charge des nuisances sonores, dès les premiers signes d’alerte.