Les causes de l’otomycose

L’otomycose, également connue sous le nom de « mycose de l’oreille », est une affection courante du conduit auditif externe causée par des champignons. Plusieurs facteurs peuvent favoriser son apparition. Tout d’abord, un mauvais nettoyage du conduit auditif, souvent réalisé avec des objets inappropriés tels que des cotons-tiges, peut créer un terrain favorable à la prolifération fongique en perturbant le film protecteur naturel de la peau. Par ailleurs, les phénomènes inflammatoires chroniques, comme l’eczéma ou certaines dermatites, contribuent à fragiliser le conduit et augmentent le risque d’infection.

L’otomycose peut également résulter d’une antibiothérapie prolongée, particulièrement lorsqu’elle est générale, car les antibiotiques altèrent la flore microbienne normale de l’oreille, permettant aux champignons de proliférer. Enfin, un mauvais état de santé général, notamment un affaiblissement du système immunitaire dû à des pathologies chroniques (diabète, immunodéficience) ou à des carences nutritionnelles, constitue un facteur de risque important.

L’infection se manifeste par le développement de colonies fongiques dans le conduit auditif, entraînant une desquamation de l’épithélium. Cette dégradation s’accompagne de l’apparition d’une matière séreuse, souvent décrite comme un bouchon « mou » et duveteux. La couleur de cet amas fongique varie selon l’espèce impliquée dans l’infection : blanc, jaune, ou parfois noir. Pour un diagnostic précis, un examen clinique minutieux, complété par le prélèvement et l’analyse des sécrétions, est indispensable.

Quel champignon est responsable de l’otomycose?

L’otomycose est principalement causée par des champignons appartenant aux genres Aspergillus (notamment Aspergillus niger, Aspergillus fumigatus, et Aspergillus flavus) et Candida (comme Candida albicans).

  • Aspergillus : Ces champignons sont responsables de la majorité des cas d’otomycose. Ils forment souvent des amas fongiques visibles, dont la couleur peut varier du noir au gris ou au vert, selon l’espèce.
  • Candida : Bien que moins fréquent, ce genre est également impliqué, en particulier chez les patients immunodéprimés ou présentant des antécédents d’antibiothérapie prolongée. Il provoque une inflammation plus importante avec des symptômes comme des démangeaisons et une irritation intense.

Dans de rares cas, d’autres champignons opportunistes peuvent être en cause, surtout chez les patients immunodéprimés ou dans des environnements particulièrement humides. Un prélèvement et une analyse mycologique sont essentiels pour identifier précisément le champignon responsable et adapter le traitement.

Aspergillus Clavatus champignon Otomycose
Aspergillus Clavatus
Aspergillus niger champignon otomycose
Aspergillus Niger
Candida albicans champignon otomycose
Candida Albicans

Les symptômes de l’otomycose

Au début de l’infection, l’otomycose peut rester silencieuse, sans manifestation symptomatique notable. Cependant, à mesure que l’infection progresse, le patient développe généralement des démangeaisons intenses, souvent décrites comme gênantes ou persistantes. Ces démangeaisons s’accompagnent parfois d’une douleur ou otalgie légère à modérée et d’une sensation d’oreille bouchée, particulièrement gênante pour les activités quotidiennes.

Dans certains cas, ces symptômes peuvent être associés à des acouphènes, bien qu’ils soient moins fréquents. L’otomycose ne touche généralement qu’une seule oreille, mais elle peut affecter les deux dans des situations exceptionnelles. Tant que la membrane tympanique reste intacte, l’infection est confinée au conduit auditif externe. Toutefois, en cas de perforation du tympan, l’otomycose peut s’étendre à l’oreille moyenne, compliquant ainsi le tableau clinique et nécessitant une prise en charge plus rigoureuse.

Les traitements contre l’otomycose

La prise en charge de l’otomycose repose principalement sur l’élimination des amas fongiques et la restauration de l’intégrité du conduit auditif. Cette étape initiale peut être réalisée par aspiration ou lavage du conduit à l’aide de solutions antifongiques spécifiques. Une fois le conduit dégagé, il est fréquent de constater un œdème accompagné de rougeurs cutanées, signes de l’irritation locale causée par l’infection et les interventions.

Le traitement local est essentiel et repose sur l’instillation de médicaments antifongiques intra-auriculaires, souvent associés à des lavages avec des solutions antiseptiques. Ces mesures permettent une résolution complète des symptômes en une dizaine de jours. Cependant, il est impératif de sensibiliser les patients à l’importance d’éviter tout lavage du conduit auditif avec de l’eau et d’abandonner les pratiques de nettoyage inappropriées, telles que l’utilisation de cotons-tiges. Ces comportements favorisent non seulement la récidive, mais également la survenue de complications.

Il est à noter qu’un chevauchement bactérien peut survenir au cours de l’infection, compliquant la prise en charge. Dans ces cas, une antibiothérapie ciblée peut s’avérer nécessaire en complément du traitement antifongique. Une fois l’infection résolue, les symptômes tels que l’hypoacousie et les acouphènes disparaissent généralement sans laisser de séquelles.

Pour résumer les traitements:

  • Nettoyage de l’oreille

Un nettoyage soigneux des oreilles pour éliminer les dépôts et les écoulements peut être réalisé par votre médecin généraliste ou ORL. Il est fortement déconseillé de tenter cette procédure vous-même à domicile en utilisant des cotons-tiges ou tout autre instrument à insérer dans le conduit auditif. Les cotons-tiges doivent être réservés uniquement à un usage externe, sur la partie visible de l’oreille.

  • Les gouttes auriculaires

Le traitement de l’otomycose inclut l’utilisation de gouttes auriculaires antifongiques. L’acide acétique est également fréquemment prescrit pour cette affection. En général, une solution auriculaire à 2 % est appliquée plusieurs fois par jour pendant environ une semaine pour éliminer l’infection.

  • Les traitements par voie orale

Certaines infections fongiques peuvent présenter une résistance aux gouttes auriculaires classiques, rendant nécessaire le recours à un traitement par médicaments antifongiques oraux. Parallèlement, des anti-inflammatoires ou du paracétamol peuvent être administrés pour atténuer la douleur et améliorer le confort du patient.

  • Les traitements topiques (crèmes)

Si le champignon atteint la partie externe de votre oreille, votre médecin pourra vous prescrire des médicaments antifongiques topiques, généralement sous forme de pommades ou de crèmes.

La natation favorise t-elle l’otomycose?

Les nageurs fréquents sont particulièrement exposés au risque de développer une otomycose. De plus, les individus présentant un système immunitaire affaibli, ayant subi un traumatisme ou des lésions au niveau de l’oreille, ou souffrant de problèmes cutanées chroniques telles que l’eczéma ou d’autres affections dermatologiques, sont également plus prédisposés à ce type d’infection.

Comment prévenir l’otomycose?

Voici quelques mesures simples pour réduire le risque de développer une otomycose :

  • Protégez vos oreilles lors des activités aquatiques
    Lorsque vous nagez ou surfez, portez un bonnet de bain ou des bouchons d’oreilles pour empêcher l’eau de pénétrer dans vos conduits auditifs.
  • Séchez vos oreilles après contact avec l’eau
    Après une douche ou une baignade, veillez à bien sécher vos oreilles. Vous pouvez également utiliser un sèche-cheveux réglé sur la chaleur la plus basse, en veillant à maintenir une distance suffisante pour éviter tout risque d’irritation.
  • Évitez l’utilisation de cotons-tiges à l’intérieur des oreilles
    Limitez l’utilisation des cotons-tiges à la partie externe de l’oreille uniquement, afin de ne pas perturber le film protecteur naturel ou causer des lésions.
  • Appliquez des gouttes auriculaires préventives
    Utilisez des gouttes auriculaires à base d’acide acétique après exposition à l’eau pour prévenir la prolifération de champignons.
  • Protégez la peau des oreilles
    Évitez de gratter la peau autour ou à l’intérieur de vos oreilles, car cela pourrait provoquer des irritations ou des microtraumatismes favorisant l’infection.

En adoptant ces bonnes pratiques, vous pouvez réduire considérablement le risque d’otomycose et préserver la santé de vos oreilles.

Peut-on porter son appareil auditif avec une otomycose?

Il est généralement déconseillé de porter un appareil auditif lorsqu’on souffre d’une otomycose active. Voici les principales raisons :

  • Risque d’aggravation de l’infection

Le port d’un appareil auditif peut créer un environnement favorable à la prolifération des champignons en augmentant l’humidité et la chaleur dans le conduit auditif. Ces conditions sont idéales pour le développement fongique et peuvent aggraver l’infection.

  • Risque de contamination de l’appareil

L’appareil auditif, en particulier les embouts auriculaires, peut se contaminer avec les sécrétions infectées ou les amas fongiques. Cette contamination peut entraîner une réinfection une fois l’otomycose traitée, si l’appareil n’est pas correctement désinfecté.

  • Irritation et gêne

Le port de l’appareil peut irriter davantage le conduit auditif déjà enflammé, exacerbant les symptômes tels que la douleur, les démangeaisons, ou la sensation d’oreille bouchée.

Quelles sont les recommandations si je souffre d’otomycose et que je porte un appareil auditif?

  • Arrêt temporaire du port de l’appareil : Il est recommandé d’éviter de porter l’appareil auditif jusqu’à ce que l’otomycose soit totalement traitée et que le conduit auditif soit guéri.
  • Hygiène rigoureuse de l’appareil : L’appareil et ses embouts doivent être soigneusement nettoyés et désinfectés avant leur réutilisation pour éviter toute récidive.
  • Consultation avec un professionnel : Le patient doit consulter son audioprothésiste pour vérifier l’état de l’appareil et adapter les embouts si nécessaire, surtout en cas de modifications du conduit auditif (inflammation, œdème).
  • Communication avec l’équipe médicale : Les médecins et audioprothésistes doivent collaborer pour évaluer le moment optimal pour reprendre l’utilisation de l’appareil sans risque.

Une prise en charge précoce, associée à une éducation du patient sur les bonnes pratiques de nettoyage et de prévention, reste la clé pour limiter les complications et éviter les récidives de cette affection fréquente mais souvent sous-estimée.

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