La profession d’assistante ou assistant en audioprothèse officiellement reconnue par l’État

C’est une étape charnière pour l’ensemble de la filière auditive en France : la publication officielle d’une fiche RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) dédiée au nouveau diplôme d’« assistant·e en audioprothèse » vient d’être mise en ligne par France Compétences. Cette inscription marque une reconnaissance réglementaire attendue de longue date pour une profession jusque-là essentielle mais non diplômante.

« Il s’agit de l’aboutissement d’un travail rigoureux de formalisation engagé dès l’été 2024, sous l’impulsion du Collège national d’audioprothèse (CNA), et conduit en étroite collaboration avec les syndicats professionnels, les établissements de formation et les représentants des assistant·es sur le terrain », souligne le Pr Éric Bavu, directeur des études à l’école d’audioprothèse du Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), qui a joué un rôle central dans la conception de ce référentiel.

Un cadre structurant et une formation harmonisée sur tout le territoire

Ce nouveau diplôme, classé au niveau bac +1, devient la référence pédagogique incontournable pour toute formation préparant à la fonction d’assistant·e en audioprothèse. Accessible sur sélection, il a pour vocation d’harmoniser les compétences attendues sur l’ensemble du territoire national, quels que soient l’organisme formateur et le statut de l’établissement – public ou privé.

Selon une enquête menée par le Syndicat des assistant·es en audioprothèse (SDA), plus de 80 % des professionnels actuellement en poste exprimaient un besoin urgent de reconnaissance académique et institutionnelle. Ils demandaient une formation diplômante, dotée d’un cadre national solide, et non simplement certifiante comme c’était souvent le cas jusqu’alors.

« Notre volonté était de définir un tronc commun cohérent et exigeant, de manière à garantir que, partout en France, les assistant·es soient formés avec le même niveau d’exigence et de savoir-faire », explique Matthieu Del Rio, président du CNA. « Le Cnam, avec son expertise et son envergure nationale, s’est imposé naturellement pour initier ce travail de fond. Mais à terme, notre objectif est que toutes les écoles préparant au DE d’audioprothésiste soient également habilitées à proposer ce cursus. »

Une formation professionnalisante construite pour le terrain

Ce diplôme de spécialisation professionnelle (DSP) est conçu pour permettre une insertion rapide dans la vie active, à l’issue d’un parcours d’un an structuré autour de trois piliers : 300 heures de tronc commun, 300 heures de spécialité métier, et 600 heures de stage en entreprise.

Le référentiel détaille avec précision les compétences visées, qui couvrent un spectre large : accueil personnalisé des patients malentendants, gestion complète des dossiers administratifs, suivi technique et entretien des aides auditives, conseils d’utilisation et de maintenance des dispositifs, vente d’accessoires auditifs, gestion des encaissements, et participation active aux campagnes de prévention en santé auditive.

« La seule frontière infranchissable reste l’audiométrie, qui demeure du ressort exclusif des audioprothésistes diplômés. C’est une ligne rouge partagée par tous les acteurs de la profession, et qui garantit une complémentarité efficace entre les rôles », rappelle Matthieu Del Rio.

Ce diplôme permet donc de clarifier les responsabilités des assistant·es en audioprothèse, tout en valorisant leur contribution essentielle au fonctionnement des centres auditifs. Il vient professionnaliser une fonction déjà stratégique dans l’organisation des soins, en assurant une meilleure qualité de prise en charge pour les patients.

Une formation professionnalisante d’un an pour devenir assistante ou assistant en audioprothèse

La formation s’étend sur 1 an :

  • 300 h de tronc commun
  • 300 h de spécialité
  • 600 h de stage en entreprise, sur alternance.

Elle permet une insertion immédiate grâce à un programme couvrant :

  • accueil et accompagnement des patients
  • gestion administrative et commerciale
  • entretien, suivi et maintenance des aides auditives
  • conseil, vente d’accessoires et gestion des encaissements
  • participation à la prévention et sensibilisation en santé auditive.

L’audiométrie demeure en revanche réservé aux audioprothésistes diplômés. Tous s’accordent à considérer cette ligne de séparation comme indispensable.

Un travail collectif pour un socle national

Ce référentiel est le fruit d’un travail engagé à l’été 2024 sous l’égide du Collège national d’audioprothèse (CNA), avec l’appui actif du Cnam (CPDA), du SDA, du Synea et du Synam. Ce chantier visait à offrir un cadre commun à toutes les formations – publiques ou privées –, garantissant une cohérence pédagogique et une reconnaissance nationale.

Une première mise en œuvre au Cnam Paris dès la rentrée 2026

Le Cnam a d’ores et déjà annoncé l’ouverture d’une première session de formation à Paris, prévue pour septembre 2026. Cette formation, alignée avec le référentiel national, sera coordonnée par Jean-Baptiste Doc, enseignant-chercheur au CPDA (Centre de préparation au diplôme d’audioprothésiste), en lien étroit avec l’équipe pédagogique du Pr Éric Bavu.

« Ce calendrier nous permet de mettre en place les conditions d’accueil optimales pour cette première promotion, tout en laissant aux centres auditifs le temps nécessaire pour identifier et recruter les futurs alternants », précise ce dernier.

La formation bénéficiera du plateau technique du CPDA, reconnu pour sa modernité et son adéquation avec les exigences professionnelles actuelles. En parallèle, des réflexions sont déjà engagées pour étendre le dispositif à d’autres sites : plusieurs centres régionaux du Cnam ont manifesté leur intérêt pour décliner la formation dès que les critères requis (corps enseignant qualifié, équipements techniques adaptés, réseau de stages solide) seront réunis.

« Paris constituera un site pilote, mais nous visons un maillage territorial progressif, afin de rendre ce diplôme accessible à tous les candidats, quelles que soient leur région ou leur situation professionnelle », conclut le Pr Bavu.

Une avancée structurante pour la filière auditive

Avec l’instauration de ce diplôme d’État, la profession d’assistante en audioprothèse entre dans une nouvelle phase de structuration. La filière se dote ainsi d’un outil puissant pour professionnaliser ses pratiques, accompagner l’évolution des besoins en santé auditive et répondre à une demande croissante sur l’ensemble du territoire.

Ce référentiel national constitue aussi une opportunité pour valoriser un métier clé, aujourd’hui reconnu à sa juste place dans l’équipe de soins en audioprothèse. Il pourrait, à terme, servir de tremplin vers d’autres parcours professionnels, dans un secteur où les enjeux humains et techniques ne cessent de croître.

De nouvelles perspectives pour la profession

Matthieu Del Rio, président du CNA, souligne que « cette reconnaissance constitue une avancée majeure essentielle au bon fonctionnement des centres ainsi qu’à la qualité de la prise en charge et du suivi des patients ».

Le DSP, structuré en blocs de compétences, évalue notamment la capacité à :

  • agir en responsabilité, travailler en équipe, respecter l’éthique
  • communiquer en contexte professionnel
  • accueillir les patients malentendants
  • apporter assistance technique sur les aides auditives
  • organiser la gestion administrative et financière du centre

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