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L’acouphène, symptôme souvent perçu comme une entrave au bien-être, peut néanmoins être transformé en un levier de développement personnel. Une prise en charge multidisciplinaire, incluant un accompagnement psychologique, joue un rôle clé dans cette transformation. Ce point a été détaillé par Livia Moati et Nicolas Dauman, psychologues cliniciens, lors des interventions de l’AFREPA (Association Française des Equipes Pluridisciplinaires en Acouphénologie).
L’accompagnement psychologique des patients acouphéniques s’inscrit dans une démarche de dialogue. Il s’agit de valoriser leur expérience subjective et de les aider à accepter leur situation. Les patients apprennent à identifier et comprendre leurs émotions (comme la détresse ou la colère) et à les intégrer dans leur parcours personnel, c’est une étape du développement personnel. Cet exercice leur permet de donner du sens à leur expérience et de mieux appréhender l’impact de l’acouphène dans leur vie.
Une question essentielle est posée aux patients : « Quelle vie souhaitez-vous laisser en souvenir ? Que voulez-vous qu’on dise de vous ? ». Cette introspection les encourage à se concentrer sur les éléments positifs de leur existence et à enrichir leur quotidien, petit à petit. L’idée n’est pas seulement d’atténuer les effets négatifs de l’acouphène, mais aussi de favoriser un retour aux valeurs fondamentales du patient. Ce processus leur montre que leur comportement face à l’acouphène peut devenir une source de résilience.
L’objectif véritable de cet accompagnement est d’aider les patients à accepter leur acouphène, non comme une fatalité, mais comme une composante à intégrer dans leur vie. Cette acceptation passe notamment par la verbalisation de leurs ressentis, comme la sensation d’être dans un « tunnel » ou la tendance à la « fuite en avant ». Ces étapes renforcent leur confiance en leur capacité à s’adapter et à prendre des initiatives, un vrai succès sur le plan du développement personnel.
Selon les experts, l’acouphène est une source de perte d’activités, mais aussi de désorganisation et d’inquiétude. Beaucoup de patients décrivent leur passé comme teinté de regrets, leur présent comme insurmontable, et leur futur comme une source d’angoisse. L’accompagnement psychologique leur permet de se réapproprier leur rapport au temps et à leur propre histoire.
Les psychologues utilisent une métaphore puissante pour illustrer cette idée : ils demandent aux patients ce qu’ils aimeraient inscrire sur leur épitaphe. Certains répondent : « S’est battu toute sa vie contre ses acouphènes. » Cette réflexion aide les patients à prendre du recul sur leur situation et à reconsidérer leur perception de l’acouphène.
Un témoignage marquant est celui d’un patient de 53 ans : « Je ne veux pas passer tout mon temps à décoder l’acouphène. Ce n’est pas un bébé qui pleure qu’il faudrait absolument calmer. Le bébé, au fil du temps, devient plus calme, il a grandi. » Cette image permet de comprendre que, tout comme un enfant en bas âge, l’acouphène nécessite une phase d’adaptation avant de devenir plus gérable.
Enfin, les experts soulignent que cette approche psychologique améliore l’adhésion des patients acouphéniques aux autres traitements, notamment audioprothétiques. En effet, les consultations psychologiques offrent un espace de parole essentiel, où le patient peut exprimer ses craintes, poser des questions, et mieux comprendre les protocoles de soin. Cette alliance entre psychologie et soins médicaux maximise l’efficacité des prises en charge et permet de favoriser l’estime de soi per un vrai travail de développement personnel.