Quelles sont les définitions de la sophrologie?

  • Définition du Larousse:

nom féminin
(du grec sôphrôn, sensé)
Méthode fondée sur l’hypnose et la relaxation, utilisée en thérapeutique et pour la préparation à l’accouchement.

  • Définition du Robert:

nom féminin
Ensemble de pratiques visant à dominer les sensations douloureuses et de malaise psychique (➙ relaxation).

  • Définition de Lexilogos:

Partie de la médecine psychosomatique qui étudie les effets sur l’organisme de certains états de conscience provoqués par suggestion, par relaxation, par autoconcentration, etc. On suggère au sujet, et lui découvre des sensations (alors que l’hypnose suggère des images directives, autoritaires)

Le terme SOPHROLOGIE, dérivé du grec ancien (sôs : harmonieux; phren : l’esprit; logos : science), signifie « étude de l’harmonisation de la conscience ». Cette définition souligne l’objectif principal de la sophrologie : créer une harmonie entre le corps et l’esprit pour favoriser un bien-être global.

La sophrologie est une méthode psychocorporelle qui allie des techniques de relaxation et de méditation pour améliorer le bien-être physique et mental. Cette discipline, développée dans les années 1960 par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo, se distingue par son approche globale et non invasive. Elle est particulièrement utilisée pour gérer le stress, l’anxiété, la douleur et pour améliorer la qualité de vie, sans recourir à des traitements invasifs ou médicamenteux.

La sophrologie, utilisée tant comme technique thérapeutique que comme philosophie de vie, puise ses inspirations dans des traditions occidentales et orientales.

Est ce que la sophrologie peut aider à traiter les problèmes d’audition?

La sophrologie est particulièrement indiquée dans la prise en charge:

  • des acouphènes
  • des hyperacousies
  • des problèmes d’acceptation d’un appareillage auditif
  • de l’anxiété avant une implantation cochléaire

La sophrologie peut elle aider à mois entendre les acouphènes?

La sophrologie peut être une méthode complémentaire pour la gestion des acouphènes. Les acouphènes sont souvent associés au stress, à l’anxiété et à la difficulté de se concentrer, et la sophrologie vise justement à améliorer la gestion du stress et à favoriser un état de relaxation profonde. Voici comment elle peut aider :

  • Réduction du stress et de l’anxiété

    – Les acouphènes peuvent être amplifiés par le stress et l’anxiété. La sophrologie utilise des techniques de relaxation, de détente, de gestion des émotions, de respiration et de visualisation pour aider à diminuer le stress, ce qui peut réduire la perception des acouphènes.
    – En apprenant à gérer le stress, les personnes peuvent ressentir une diminution de l’intensité et de la gêne des acouphènes.

  • Amélioration de la concentration et de la gestion de l’attention

    – La sophrologie apprend aux personnes à diriger leur attention sur des éléments agréables (comme des souvenirs ou des sensations positives), ce qui peut les aider à détourner leur attention des acouphènes.
    – Ces exercices permettent de mieux gérer la concentration et de réduire l’impact négatif que les acouphènes peuvent avoir sur les activités quotidiennes.

  • Développement de la conscience corporelle

    – Grâce à des exercices de relaxation dynamique, la sophrologie permet de prendre conscience de son corps et de ses sensations. Cela aide à mieux accepter et comprendre les acouphènes.
    – En apprenant à se détendre physiquement, les personnes peuvent mieux gérer la tension souvent présente dans les muscles du cou et des épaules, zones où le stress s’accumule et qui peuvent exacerber la perception des acouphènes.

  • Meilleure qualité du sommeil

    – Les acouphènes peuvent perturber le sommeil, et un mauvais sommeil peut à son tour aggraver la perception des acouphènes. La sophrologie propose des exercices de relaxation pour aider à améliorer la qualité du sommeil et favoriser un endormissement plus serein.
    – Des séances régulières peuvent aider à établir une routine de détente avant le coucher.

  • Acceptation et réadaptation

    – La sophrologie favorise l’acceptation et la réadaptation en aidant les individus à changer leur rapport aux acouphènes. Plutôt que de lutter contre, elle permet de développer une forme de résilience face à cette condition.
    – En développant une attitude plus apaisée et positive, la perception des acouphènes peut devenir moins envahissante.

En résumé, la sophrologie offre des outils pour réduire l’impact des acouphènes en favorisant la relaxation, la gestion du stress, et l’amélioration de la concentration et du sommeil. Elle ne guérit pas les acouphènes, mais peut aider à mieux les gérer au quotidien.

Qui a inventé la sophrologie?

La sophrologie, du grec « sos » (harmonie), « phren » (esprit) et « logos » (étude) a été fondée par le Dr Alfonso Caycedo en 1960 qui s’est inspiré de diverses pratiques occidentales et orientales, notamment l’hypnose, le yoga, la méditation zen et la relaxation progressive de Jacobson. Il a combiné ces techniques pour former une approche unique visant à harmoniser le corps et l’esprit. La sophrologie s’est ensuite développée en Europe, principalement en France, en Espagne et en Suisse, et est maintenant pratiquée dans le monde entier.

Les origines de la sophrologie sont multiples, ancrées dans des techniques existantes des années 60. Parmi les inspirations occidentales, on trouve l’hypnose et les techniques de relaxation et de suggestion positive, telles que la méthode Coué. Alfonso Caycedo a également enrichi sa méthode grâce à ses voyages en Orient, intégrant des pratiques comme la méditation, le yoga et le zen. La sophrologie se positionne ainsi comme un véritable carrefour entre l’Orient et l’Occident. 

Caycedo a élaboré une méthode unique, codifiant des exercices de manière claire et précise, c’est la sophrologie caycédienne. Il a défini des exercices de relaxation dynamique, associant des mouvements doux à la respiration, et a développé des « sophronisations », qui sont des visualisations guidées par la voix du sophrologue.

Aujourd’hui, tous les sophrologues utilisent cette même boîte à outils pour répondre aux divers besoins de leurs clients, mettant à disposition des techniques efficaces pour améliorer le bien-être et la qualité de vie.

Biographie de Alfonso Caycedo, le père de la sophrologie

Alfonso Caycedo est né le 19 novembre 1932 à Bogota, Colombie, dans une famille d’origine espagnole. Après des études de médecine à Madrid, il s’intéresse particulièrement à la psychiatrie, influencé par des figures comme Pedro Laín Entralgo et Viktor Frankl. En 1960, il fonde la sophrologie, une discipline axée sur l’étude de la conscience et l’amélioration de la qualité de vie des patients, en réaction aux méthodes invasives utilisées en psychiatrie.

Inspiré par des voyages en Orient, Caycedo développe la Relaxation Dynamique de Caycedo (RDC) et élabore des techniques basées sur le yoga, le bouddhisme, et le zen. De retour en Europe, il promeut la sophrologie à travers des congrès et des formations. Il adapte la sophrologie à diverses disciplines médicales et sociales.

En 1988, il s’installe en Andorre et se consacre à la recherche, développant les cycles avancés de la RDC. Il crée des écoles déléguées de Sophrologie Caycédienne en Europe et continue à promouvoir sa méthode, véritable thérapie, jusqu’à son retrait en 2010. Alfonso Caycedo décède le 11 septembre 2017 en Espagne.

Alfonso Caycedo le père de la sophrologie
Alfonso Caycedo le père de la sophrologie

Quelles sont les différentes pratiques de sophrologie?

La sophrologie combine des exercices de respiration, de relaxation musculaire, de visualisation positive et de méditation. Ces techniques sont regroupées en trois principaux types de pratiques :

  • Relaxation dynamique : Ce sont des exercices en mouvement inspirés du yoga et du tai-chi, visant à détendre les muscles et à libérer les tensions.
  • Techniques de relaxation statique : Ce sont des exercices de relaxation en position assise ou allongée, incluant des techniques de respiration et de visualisation.
  • Techniques de visualisation : Ces exercices utilisent l’imagination pour créer des images positives et apaisantes, renforçant ainsi la résilience mentale et émotionnelle.

Ces pratiques sont structurées en différentes étapes, connues sous le nom de « degrés » en sophrologie, qui vont de la découverte de la méthode à son application avancée pour des objectifs spécifiques.

Quelles sont les différentes écoles de sophrologie?

La sophrologie s’est diversifiée en plusieurs courants et écoles, chacun apportant ses spécificités à la méthode originale de Caycedo. Les principales écoles sont :

  • La Sophrologie Caycédienne : C’est la forme originale de la sophrologie, fondée et développée par Alfonso Caycedo. Elle met l’accent sur la pratique des « Relaxations Dynamiques » et les différentes phases de la conscience.
  • La Sophrologie Ludique : Ce courant adapte la sophrologie aux enfants et aux adolescents, en utilisant des techniques plus ludiques et adaptées à leurs besoins spécifiques.
  • La Sophrothérapie : C’est une approche thérapeutique de la sophrologie, utilisée en psychothérapie pour traiter des troubles spécifiques tels que les phobies, l’anxiété et les troubles du comportement alimentaire.
  • La Sophrologie Socio-Prophylactique : Ce courant se concentre sur la prévention et la promotion de la santé, en utilisant la sophrologie dans des contextes sociaux, éducatifs et professionnels.

Quels sont les objectifs de la sophrologie?

La sophrologie vise à améliorer la qualité de vie des individus en leur offrant des outils pour gérer le stress, les émotions et les douleurs physiques. Les principaux objectifs de la sophrologie sont :

  • Réduction du stress et de l’anxiété : En utilisant des techniques de relaxation et de respiration, la sophrologie aide à diminuer les niveaux de cortisol et à induire un état de calme.
  • Gestion de la douleur : Les techniques de visualisation et de relaxation peuvent aider à réduire la perception de la douleur et à améliorer la tolérance à celle-ci.
  • Amélioration de la qualité du sommeil : En favorisant la relaxation profonde, la sophrologie peut aider à améliorer la qualité et la durée du sommeil.
  • Renforcement de la confiance en soi : Les exercices de visualisation positive aident à renforcer l’estime de soi et à développer une attitude positive face aux défis.
  • Préparation mentale et physique : Utilisée dans les contextes sportifs et professionnels, la sophrologie aide à améliorer la concentration, la performance et la récupération.

Comment se déroule une séance de sophrologie?

Une séance de sophrologie typique se déroule en plusieurs phases et dure généralement entre 45 minutes et une heure. Voici les principales étapes d’une séance :

  • Accueil, dialogue préliminaire et mise en confiance : Le sophrologue commence par un échange avec le participant pour comprendre ses besoins, ses attentes, son état actuel et le rassurer.
  • Phase de relaxation préparatoire : Le participant est guidé dans une relaxation initiale pour détendre le corps et apaiser l’esprit. Cela peut inclure des exercices de respiration et de relaxation musculaire progressive.
  • Phase de travail sophrologique : Le sophrologue guide le participant à travers des exercices spécifiques de relaxation dynamique, de visualisation ou de méditation. Ces exercices sont adaptés aux objectifs personnels du participant.
  • Retour et échange : À la fin de la séance, le participant est invité à partager ses ressentis et ses expériences. Le sophrologue offre des conseils pour intégrer les techniques de sophrologie dans la vie quotidienne.
  • Clôture de la séance : La séance se termine par un moment de recentrage et de réactivation de l’énergie, permettant au participant de repartir sereinement.

Quelle est l’utilité de la sophrologie?

La sophrologie trouve ses applications dans divers domaines :

  • Gestion des acouphènes
  • Gestion de l’hyperacousie
  • Soulagement de certaines phobies
  • Travail sur l’estime de soi
  • Lutte contre les insomnies
  • Gestion du stress
  • Gestion des émotions et de la douleur
  • Renforcement de la concentration et des capacités de mémorisation
  • Lutte contre les troubles de l’alimentation
  • Lutte contre certaines addictions
  • Accompagnement dans des situations difficiles
  • Lutter contre le manque de concentration et renforcer la capacité de mémorisation
  • Soulager des douleurs (ventre, dos, contractions lors de l’accouchement, etc.)
  • Gérer les émotions et les problèmes du quotidien (maladie chronique, traitement médical, changement de situation)
  • Aider les futures mamans à vivre la grossesse et préparer l’accouchement avec sérénité
  • Améliorer la qualité du sommeil en combattant les insomnies et cauchemars
  • Gérer le stress face à des événements angoissants (examens, compétitions, accouchement, etc.)
  • Accompagner le sevrage de certaines addictions (tabac, drogue, etc.)

Rôle et métier de sophrologue

Un sophrologue est un professionnel spécialisé dans les techniques de relaxation et de gestion du stress. Il exerce principalement en libéral, mais peut aussi intervenir en milieu hospitalier. Le sophrologue vise à favoriser l’épanouissement personnel de l’individu, l’encourageant à adopter une perspective positive sur lui-même, les autres et le monde, et à aborder les situations de manière plus sereine.

À noter que les séances ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale, mais peuvent être prises en charge par certaines assurances privées selon le contrat.

Combien de séances sont nécessaires?

Les séances de sophrologie sont réparties sur plusieurs semaines, voire quelques mois. Elles sont complémentaires et ne remplacent en aucun cas un suivi médical.

Comment devenir sophrologue?

Pour devenir sophrologue, il est nécessaire d’obtenir une certification professionnelle délivrée par la Fédération des écoles professionnelles en sophrologie. L’obtention de ce certificat requiert l’inscription dans une école ou un institut de formation appartenant à l’Académie internationale de sophrologie. La formation, d’une durée totale de 300 à 304 heures, délivre un titre RNCP de niveau III, permettant d’exercer la profession de sophrologue.

Merci ! Je vais préparer un article complet sur la sophrologie à destination des médecins ORL. Il inclura les bases scientifiques, les preuves cliniques disponibles, les recommandations pour l’intégration en pratique médicale, ainsi qu’une structure détaillée avec introduction, historique, mécanismes d’action, indications spécifiques en ORL, études cliniques pertinentes, et recommandations des sociétés savantes si disponibles.

Sophrologie et prise en charge ORL complémentaire

La sophrologie est une méthode psychocorporelle de relaxation dynamique associant des exercices de respiration contrôlée et de visualisation positive. Fondée en 1960 par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo, elle se définit comme « l’étude de la conscience en équilibre » () (). Longtemps cantonnée aux approches parallèles, la sophrologie s’est développée comme technique complémentaire visant à améliorer le bien-être physique et mental des patients, en synergie avec les traitements conventionnels. En France, elle est aujourd’hui relativement populaire : près de 20 % des Français auraient déjà expérimenté la sophrologie, principalement pour gérer le stress, la fatigue, les troubles du sommeil ou la douleur (). Son utilisation en milieu médical s’est étendue à de nombreuses spécialités, y compris en otorhinolaryngologie (ORL), où elle est proposée comme support dans des affections fonctionnelles (acouphènes, dysphonies fonctionnelles, vertiges psychogènes, etc.) ou pour atténuer l’impact du stress sur certaines pathologies ORL.

Malgré cet engouement, la sophrologie demeure l’objet de débats au sein de la communauté scientifique quant à son efficacité clinique et à sa place exacte dans la prise en charge thérapeutique (). L’objectif de cet article est de fournir aux médecins ORL un aperçu complet et critique de la sophrologie : nous aborderons son historique et son développement, les mécanismes d’action proposés aux niveaux neurophysiologique, psychologique et somatique, puis nous passerons en revue les données scientifiques disponibles, en insistant sur les applications ORL (acouphènes, troubles de la voix, vertiges, troubles du sommeil, etc.). Nous présenterons les principales études cliniques avec leur méthodologie, leurs résultats et leurs limites, avant de proposer des recommandations pratiques pour intégrer la sophrologie dans la pratique ORL quotidienne (prescription, collaboration avec les sophrologues, formation…) et de discuter les avis d’experts et recommandations des sociétés savantes sur ce sujet.

Historique et développement de la sophrologie

La sophrologie a été fondée au début des années 1960 par le Dr Alfonso Caycedo (1932–2017), alors neuropsychiatre à Madrid. Caycedo cherchait à améliorer la prise en charge des patients psychiatriques en s’inspirant de techniques de relaxation occidentales (hypnose, relaxation progressive de Jacobson, training autogène de Schultz) et de pratiques orientales (méditation zen, yoga). Il forgea le terme sophrologie à partir du grec sôphros (harmonie), phrến (esprit, conscience) et logos (étude) pour désigner une « science de la conscience harmonieuse » (). En 1960, la sophrologie se définit initialement comme une approche visant à modifier la conscience à des fins thérapeutiques, prophylactiques ou pédagogiques en médecine ().

Chronologie : Dans les années 1960, Caycedo ouvre les premiers centres de sophrologie en Espagne (Madrid, Barcelone) puis en Colombie, et élabore progressivement une méthode structurée en techniques (exercices statiques de relaxation mentale, et relaxations dynamiques mêlant mouvements doux, respiration et visualisation). Durant les décennies suivantes, la sophrologie se diffuse en Europe, particulièrement en France, en Belgique et en Suisse, où elle trouve des applications en préparation à l’accouchement (sophrologie obstétricale), dans le sport de haut niveau, la gestion du stress professionnel et le soutien en oncologie. Parallèlement, la méthode évolue : Caycedo introduit dans les années 1970–1980 douze degrés progressifs de Relaxation Dynamique Caycédienne (RDC) et oriente son discours vers une « phénoménologie existentielle », considérant la sophrologie non seulement comme une thérapie, mais aussi comme une philosophie de vie et une pédagogie de l’existence.

Dans les années 1990, face à la prolifération de courants divergents, Caycedo dépose la marque “Sophrologie Caycédienne” (1992) afin de distinguer sa méthode officielle. Deux branches principales émergent dès lors : d’une part la sophrologie caycédienne, strictement fidèle aux principes et à l’enseignement du fondateur, considérée avant tout comme une technique d’accompagnement (et non une thérapie au sens strict) () (); d’autre part une sophrologie dite généraliste, pratiquée par de nombreux sophrologues non affiliés à Caycedo, qui intègrent des éléments variés et se positionnent parfois en approches thérapeutiques. Cette pluralité fait que « il n’existe plus une mais des sophrologies » en pratique () ().

Aujourd’hui, on estime à plusieurs milliers le nombre de sophrologues exerçant en Europe, la majorité en France. La sophrologie est entrée dans certains hôpitaux et structures de soins français (centres anti-douleur, unités de sommeil, services d’oncologie, etc.) sous forme d’interventions complémentaires. Bien qu’elle soit moins connue en Amérique du Nord et dans les pays anglo-saxons (où d’autres approches comme la mindfulness et le yoga sont plus répandues), son développement se poursuit. En France, la profession de sophrologue n’est pas réglementée au sens d’un diplôme d’État, mais un titre privé (RNCP) certifie certaines formations, et des fédérations professionnelles encadrent la déontologie. L’intérêt grandissant du public pour ces techniques s’est manifesté notamment pendant la pandémie de COVID-19, où sophrologie, méditation et hypnose ont été mises en avant pour aider soignants et patients à gérer l’anxiété et le stress liés à la crise sanitaire () ().

Mécanismes d’action proposés de la sophrologie

Malgré l’absence de modèle unanime validé, plusieurs mécanismes d’action de la sophrologie ont été avancés pour expliquer ses effets observés sur l’esprit et le corps. Ces mécanismes peuvent être examinés sous trois angles : neurophysiologique, psychologique et somatique. Ils restent en grande partie théoriques et extrapolés par analogie avec d’autres techniques de relaxation/méditation, faute de recherches fondamentales spécifiques abouties. Néanmoins, il est utile pour le clinicien ORL d’en avoir un aperçu afin de comprendre comment la sophrologie pourrait agir chez ses patients.

1. Mécanismes neurophysiologiques : La pratique de la sophrologie induit un état de relaxation profonde similaire à celui obtenu par la cohérence cardiaque, le yoga ou l’hypnose. Cet état s’accompagne d’une activation du système nerveux parasympathique, responsable du ralentissement des fonctions d’éveil et de la détente corporelle. Concrètement, on observe chez les sujets en relaxation : une diminution de la fréquence cardiaque et respiratoire, une baisse de la tension artérielle et du tonus musculaire, ainsi qu’une diminution de la sécrétion des hormones du stress (notamment le cortisol). Des études de neuro-imagerie sur des techniques voisines (méditation de pleine conscience, relaxation) suggèrent par ailleurs des modifications transitoires des ondes cérébrales (augmentation des ondes alpha, traduisant un état de veille calme) et une modulation de l’activité de certaines structures limbiques impliquées dans le stress et les émotions (amygdale, hippocampe). La sophrologie, par ses exercices de visualisation positive, sollicite également le cortex préfrontal et pourrait renforcer les circuits neuronaux de l’attention et de la régulation émotionnelle . On évoque ainsi une meilleure neuroplasticité adaptative, c’est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions favorisant un état de calme, de concentration et de maîtrise de soi. Enfin, la relaxation pourrait entraîner la libération de neurotransmetteurs et neuromédiateurs du bien-être (endorphines, sérotonine, mélatonine). Par exemple, une pratique sophrologique régulière en soirée pourrait augmenter le taux de mélatonine, l’hormone du sommeil, facilitant ainsi l’endormissement et un sommeil de meilleure qualité.

2. Mécanismes psychologiques : La sophrologie se présente comme une technique psychocorporelle holistique, agissant à la fois sur le mental et sur le corps. Sur le plan psychologique, elle vise à développer une attitude mentale positive chez le patient. Les exercices de visualisation proposés (par exemple imaginer des situations agréables, projeter une réussite, mobiliser un souvenir positif) contribuent à réorienter l’attention du sujet vers des contenus moins anxiogènes. Chez un patient acouphénique ou vertigineux, par exemple, cela peut aider à diminuer la focalisation sur le symptôme désagréable et à réduire l’anticipation catastrophique. La sophrologie apprend également au patient à lâcher prise face aux symptômes qu’il ne peut contrôler (ex. bourdonnements d’oreille), évitant que l’anxiété ne vienne amplifier ces derniers. Ce travail s’apparente à certaines techniques cognitives utilisées en TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale), en mettant l’accent sur la désensibilisation aux perceptions gênantes et la gestion des pensées négatives. Le patient devient plus acteur de sa prise en charge, ce qui peut améliorer son sentiment d’auto-efficacité et diminuer l’impuissance apprise face à une maladie chronique. En somme, la sophrologie aurait un effet anxiolytique psychologique en réduisant l’hypervigilance et les ruminations mentales, et en renforçant la résilience émotionnelle (meilleure tolérance au stress, optimisation des émotions positives).

3. Mécanismes somatiques et fonctionnels : Par son approche corporelle, la sophrologie entraîne des changements au niveau physiologique périphérique. D’abord, la respiration contrôlée (souvent abdominale, lente et profonde) améliore l’oxygénation et entraine un massage du diaphragme, ce qui peut apaiser certaines tensions viscérales (par exemple diminuer la sensation de « nœud à l’estomac » en situation de stress). Ensuite, les exercices de relaxation musculaire (mobilisations douces, contractions suivies de relâchement, scansions du corps) permettent de réduire les tensions musculaires chroniques. Ceci peut avoir un impact concret en ORL : par exemple, dans les dysphonies fonctionnelles (voix enrouée due à des tensions laryngées sans lésion organique), la détente des muscles du cou et du larynx aide à rétablir un geste vocal plus fluide. De même, dans le syndrome de globus (sensation de boule dans la gorge d’origine anxieuse), la relaxation des muscles pharyngés et cervicaux peut atténuer ce symptôme. La sophrologie favoriserait aussi une meilleure conscience corporelle (le patient apprend à percevoir et relâcher les zones de tension) et une amélioration de la posture. Une posture plus relâchée, une respiration ample et un bon équilibre tonique sont bénéfiques tant pour la voix (meilleur soutien respiratoire du son) que pour l’oreille interne (réduction du réflexe vestibulo-spinal excessif lié à l’anxiété). Enfin, certains effets endocriniens et immunitaires ont été suggérés : le mode de relaxation pourrait stimuler la production d’endorphines aux propriétés antalgiques (ce qui expliquerait une diminution de la sensation douloureuse dans certaines indications, comme les acouphènes invasifs ou les céphalées de tension), et moduler favorablement la réponse immunitaire (baisse des cytokines pro-inflammatoires liée à la réduction du stress chronique). Ces effets restent toutefois à confirmer par des études dédiées.

En résumé, la sophrologie – à l’instar d’autres mind-body therapies – agirait via une cascade de réponses psycho-physiologiques : diminution du stress perçu et des hormones associées, activation des mécanismes de relaxation du système nerveux autonome, modifications de l’activité cérébrale vers un mode apaisé, et répercussions bénéfiques sur divers systèmes organiques (respiratoire, musculaire, endocrinien). Ces mécanismes proposés fournissent un cadre explicatif, quoique encore spéculatif (). Il convient maintenant d’examiner dans quelle mesure ils se traduisent par des bénéfices cliniques objectivables chez les patients ORL, à la lumière des études scientifiques disponibles.

Données scientifiques et preuves cliniques : état des lieux

L’évaluation scientifique de la sophrologie est relativement récente et encore limitée. En 2020, un rapport de l’INSERM a souligné que trop peu d’études rigoureuses étaient disponibles pour confirmer ou infirmer l’efficacité de cette méthode. Néanmoins, quelques travaux cliniques ont été menés, dont certains spécifiques au domaine ORL, fournissant des indications sur les bénéfices potentiels de la sophrologie. Cette section passe en revue les bases scientifiques actuelles, en s’intéressant particulièrement aux applications en ORL : acouphènes, troubles vocaux, vertiges, troubles du sommeil d’intérêt ORL, ainsi qu’à l’impact du stress sur les pathologies ORL. Pour chaque indication, nous résumerons les résultats d’études clés (voir aussi le tableau de synthèse en fin de section) et discuterons le niveau de preuve ainsi que les limites méthodologiques.

Sophrologie et acouphènes

Les acouphènes chroniques subjectifs – bourdonnements ou sifflements perçus sans stimulus sonore externe – représentent une plainte fréquente en ORL, souvent exacerbée par le stress et l’anxiété. Faute de traitement curatif universel, la prise en charge des acouphènes invalidants est multimodale, visant surtout à améliorer la tolérance du patient à son symptôme. Dans ce contexte, la sophrologie est utilisée depuis plusieurs années par certains ORL et sophrologues spécialisés, comme méthode de gestion du stress et de la réaction émotionnelle induite par l’acouphène.

Une avancée notable a été la publication de la première étude clinique évaluant formellement la sophrologie pour les acouphènes. Réalisée par P. Grevin et coll. (Pôle Sophrologie et Acouphènes, Paris) et publiée en 2020, cette étude prospective a inclus 140 patients souffrant d’acouphènes chroniques invalidants (Acouphènes : une étude scientifique valide l’efficacité de la Sophrologie – Chambre Syndicale de la Sophrologie). Tous les patients ont suivi un protocole de sophrologie standardisé comportant 6 à 8 séances individuelles sur 2 à 4 mois, animé par des sophrologues formés à cette indication spécifique. L’efficacité a été mesurée par le Tinnitus Handicap Inventory (THI), un questionnaire validé quantifiant le handicap lié aux acouphènes, rempli avant et après l’intervention.

Résultats : Les scores moyens de THI se sont significativement améliorés après la sophrologie. En particulier, 59,2 % des patients ont présenté une diminution du THI de plus de 20 points, seuil correspondant à une amélioration cliniquement significative du retentissement de l’acouphène. Cette amélioration moyenne s’observe sur les trois dimensions du THI (fonctionnelle, émotionnelle, catastrophique). Fait intéressant, l’efficacité rapportée était indépendante de l’ancienneté ou de l’étiologie des acouphènes : les patients ayant des acouphènes récents (<6 mois) ne répondaient pas différemment de ceux ayant des acouphènes de longue date, et de même ceux dont l’acouphène faisait suite à un traumatisme sonore ne différaient pas de ceux d’origine idiopathique ou psycho-émotionnelle. Aucun effet indésirable notable n’a été signalé. Les patients ont en outre témoigné d’une meilleure qualité de vie, d’un meilleur sommeil et d’une diminution de l’anxiété liée aux acouphènes dans de nombreux cas, bien que ces paramètres n’aient pas été évalués par échelle chiffrée dans l’étude.

Interprétation : Cette étude, certes sans groupe témoin, suggère qu’un protocole bref de sophrologie peut réduire l’intrusivité des acouphènes et aider les patients à mieux les supporter au quotidien. Les auteurs concluent que la sophrologie constitue une piste prometteuse dans la prise en charge des acouphènes subjectifs, tout en appelant à des études contrôlées pour confirmer l’efficacité observée. En effet, l’absence de groupe contrôle (par exemple liste d’attente ou thérapie standard) empêche d’exclure un effet placebo, une régression naturelle ou un biais d’investissement des patients dans la démarche. Néanmoins, ces données « en vie réelle » sur un large effectif apportent un premier niveau de preuve encourageant, validant l’intérêt clinique ressenti depuis longtemps par les praticiens. À noter qu’en pratique, la sophrologie s’intègre souvent dans une stratégie pluridisciplinaire contre les acouphènes : les recommandations destinées aux généralistes et ORL (telles que celles de l’AFREPA) mentionnent la sophrologie parmi les outils de gestion du stress et relaxation conseillés aux patients acouphéniques. Des thérapies comme l’hypnose, l’acupuncture ou l’EMDR sont citées au même titre : bien que manquant de validation robuste, elles peuvent « apporter une aide en permettant de lâcher prise » face aux acouphènes (Le traitement des acouphènes – VIDAL). Le VIDAL (référence française en thérapeutique) indique également que la sophrologie, comme d’autres approches non conventionnelles, peut être proposée pour aider les patients acouphéniques à mieux vivre avec leur symptôme.

En résumé, pour les acouphènes, la sophrologie dispose d’un soutien empirique et clinique croissant : l’étude de Grevin et al. 2020 constitue à ce jour la preuve clinique la plus tangible, montrant une amélioration significative du handicap acouphénique chez ~60 % des patients. Toutefois, le niveau de preuve reste modeste (série ouverte de niveau IV). Des essais contrôlés randomisés, comparant par exemple sophrologie vs. éducation seule ou vs. relaxation conventionnelle, seraient nécessaires pour conclure définitivement à son efficacité spécifique. On peut également souligner que la sophrologie n’agit pas sur l’acouphène lui-même (intensité ou fréquence sonore) mais sur la perception et la réaction du patient à celui-ci : elle doit ainsi s’inscrire en complément de mesures audiologiques (ex : prothèses auditives en cas d’hypoacousie associée, générateur de bruit blanc, TRT, etc.) et d’un accompagnement éventuellement psychothérapeutique.

Sophrologie et troubles de la voix

Les troubles vocaux d’origine fonctionnelle (dysphonies sans lésion laryngée, fatigue vocale, enrouements liés au stress) constituent un autre champ où la sophrologie est employée de façon empirique. De nombreux orthophonistes et phoniatres intègrent des exercices de relaxation et de respiration dans la rééducation vocale, notamment pour les patients présentant une dysphonie de tension musculaire (ou muscle tension dysphonia). Dans ce trouble fréquent, un usage excessif ou inapproprié des muscles laryngés et péri-laryngés entraîne une voix forcée et rauque, souvent en lien avec un stress psychologique élevé (Our Services – UR Medicine Speech Pathology – University of Rochester Medical Center). La prise en charge standard repose sur la rééducation orthophonique pour relâcher la musculature et corriger les mauvais ajustements. La sophrologie, en tant que méthode de relaxation globale et de gestion du stress, est un adjuvant naturel dans ce contexte.

Bien qu’il n’existe pas (à notre connaissance) d’étude clinique publiée spécifiquement sur la sophrologie pour les troubles de la voix, son utilité peut être déduite de données connexes : il est établi que le stress et l’anxiété aggravent les dysphonies fonctionnelles, et que les techniques de relaxation améliorent les résultats de la thérapie vocale. La sophrologie offre au patient un apprentissage du geste respiratoire optimal (respiration diaphragmatique basse, coordination souffle/voix) et du lâcher-prise laryngé, ce qui rejoint les objectifs de la rééducation vocale classique. Par exemple, un exercice sophrologique typique pour la voix consiste à inspirer profondément, expirer lentement en produisant un son doux (comme un soupir sonore), tout en visualisant que la gorge se libère de ses tensions. Ce type d’exercices peut aider à diminuer l’hypercontraction des cordes vocales et à abaisser un larynx souvent trop haut chez les sujets anxieux.

Dans la pratique des professionnels de la voix (chanteurs, enseignants), la sophrologie est parfois utilisée pour mieux gérer le trac et optimiser la performance vocale. Des chanteurs lyriques ont rapporté que les techniques sophrologiques les aident à trouver un équilibre postural et respiratoire, à améliorer leur concentration avant une prestation, et à récupérer plus vite en cas de fatigue vocale. Ces témoignages rejoignent la logique physiologique : en réduisant le stress pré-performance, la sophrologie peut prévenir les effets délétères du cortisol et de la tension musculaire sur la voix (timbre serré, sécheresse buccale réflexe, etc.).

Limites et perspectives : Il faut noter que l’absence d’études contrôlées rend difficile de quantifier précisément l’apport de la sophrologie dans les troubles vocaux. Il s’agit d’un domaine où les bénéfices restent essentiellement rapportés de manière anecdotique ou dans des descriptions de cas. Néanmoins, l’intégration de la sophrologie suit les recommandations de bon sens en phoniatrie : une approche globale du patient est nécessaire dans les dysphonies, en traitant non seulement le geste vocal mais aussi les facteurs psychologiques sous-jacents (stress, émotions, confiance en soi pour parler/chanter). Ainsi, bien conduite par un sophrologue formé aux problématiques de la voix (certains sophrologues ont une spécialisation en orthophonie ou chant), la sophrologie peut être un complément utile pour améliorer l’efficacité de la rééducation vocale, la tenir sur la durée (en autonomisant le patient via l’auto-relaxation) et prévenir les récidives de trouble vocal liées au stress.

Sophrologie et vertiges

Les vertiges représentent un motif de consultation ORL où la dimension psychologique est souvent présente : l’expérience vertigineuse est hautement anxiogène et peut engendrer un cercle vicieux stress-vertige. Par exemple, dans la maladie de Ménière ou les vertiges paroxystiques, la peur d’une crise peut elle-même déclencher ou aggraver la sensation vertigineuse via l’activation du système sympathique (on parle de vertige aggravé par le stress). Des études ont montré que le stress émotionnel peut être un facteur déclenchant d’une attaque de Ménière dans les heures qui suivent , probablement par libération de certaines hormones (ADH, adrénaline) jouant sur la régulation de l’oreille interne. Inversement, dans certains syndromes post-vertigineux, un trouble anxieux persistant (phobie de se lever, “dizziness” psychogène) peut entretenir des symptômes alors même que la cause vestibulaire initiale est résolue.

Dans ce contexte, la sophrologie est proposée comme un levier pour agir sur le composant anxieux du vertige. Le Pôle Sophrologie et Acouphènes, déjà mentionné pour les acouphènes, a également développé des protocoles pour l’hyperacousie et les vertiges (ex : accompagnement de patients Ménière, névrite vestibulaire, syndrome de l’accélérateur vestibulaire). L’approche combine : techniques respiratoires pour contrôler l’hyperventilation en cas de panique, exercices de relaxation dynamique pour apprivoiser les sensations de déséquilibre en position debout, et visualisations positives (par exemple s’imaginer en confiance en train de marcher sans aide). Selon les sophrologues spécialisés, ces méthodes peuvent réduire l’intensité et la fréquence des vertiges perçus en améliorant l’adaptation du cerveau aux signaux d’équilibre perturbés. Concrètement, apprendre à respirer profondément et à se relaxer dès les premiers symptômes éviterait l’escalade vers une crise vertigineuse majeure.

Il faut toutefois rester prudent quant aux preuves de ces effets. Aucune étude contrôlée n’a encore évalué l’impact de la sophrologie sur des paramètres vestibulaires objectifs (tels que la durée d’un nystagmus, l’équilibre posturographique, etc.). L’expérience publiée la plus proche est indirecte : dans une étude randomisée en réanimation (Constantin et al. 2009), on a vu que la sophrologie réduisait significativement la difficulté respiratoire et l’inconfort de patients sous ventilation non invasive, comparativement à des soins standard ([Impact of sophrology on non-invasive ventilation tolerance in patients with acute respiratory failure] – PubMed). On peut extrapoler que chez un patient vertigineux en détresse, la sophrologie pourrait de même diminuer l’inconfort subjectif et calmer les paramètres physiologiques de stress (hyperventilation, tachycardie) susceptibles d’amplifier le vertige. Certains ORL rapportent utiliser des techniques de sophrologie ou d’hypnose de manière aiguë pour aider un patient lors d’une manœuvre libératoire (par exemple pour calmer une forte anxiété pendant une manœuvre de Sémont en cas de VPPB). D’autres l’intègrent dans le suivi chronique : par exemple, après la phase aiguë d’une névrite vestibulaire, orienter le patient vers un sophrologue peut l’aider à gérer la peur résiduelle de tomber et l’inciter à reprendre confiance en son équilibre, en complément de la rééducation vestibulaire.

En l’état actuel, la sophrologie appliquée aux vertiges repose donc sur des extrapolations physiopathologiques et le retour d’expérience de praticiens, plutôt que sur des essais cliniques documentés. Les patients rapportent fréquemment un mieux-être subjectif : moindre appréhension des crises, sentiment de mieux contrôler la situation, diminution de certains symptômes associés comme la sueur froide ou les palpitations. Ces bénéfices sont difficiles à quantifier mais peuvent améliorer la qualité de vie de patients vertigineux chroniques ou de ceux souffrant de « PPP » (Persistent Postural-Perceptual Dizziness, trouble du déséquilibre chronique souvent lié à l’anxiété).

En conclusion sur les vertiges, la sophrologie apparaît comme une mesure d’appoint centrée sur le versant psychosensoriel du trouble : elle ne remplace évidemment pas le traitement de la cause organique (l’indication d’un vasodilatateur, d’un diurétique, d’une rééducation vestibulaire, etc.), mais elle peut y être adjoint pour aider le patient à mieux tolérer ses symptômes et réduire le stress aggravant. Des études futures pourraient évaluer, par exemple, si un programme de sophrologie diminue les scores d’échelle de handicap vestibulaire (Dizziness Handicap Inventory) ou les scores d’anxiété chez des patients Ménière ou vertigineux phobiques, comparativement à un groupe contrôle – ce qui fournirait des données objectives à ce sujet.

Sophrologie, troubles du sommeil et ORL

Les troubles du sommeil sont une préoccupation courante chez les patients ORL : qu’il s’agisse d’insomnie liée à des acouphènes, de réveils fréquents dus à un syndrome d’apnées du sommeil (SAHOS), ou simplement de difficultés d’endormissement dans un contexte de stress ou de douleur ORL chronique. La sophrologie, dont certaines techniques sont axées sur la détente au moment du coucher, a été explorée comme intervention non médicamenteuse pour améliorer le sommeil.

D’une part, on retrouve la sophrologie dans la prise en charge de l’insomnie primaire (idiopathique ou liée à l’anxiété). Une étude pilote menée au Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris (V. Stal et al., 2000) a examiné l’efficacité d’un programme court de sophrologie chez 50 patients insomniaques chroniques. Chaque patient a participé à 5 séances hebdomadaires d’une heure de sophrologie, puis a été évalué un mois après la fin du programme par des tests subjectifs (questionnaires de qualité de sommeil) et objectifs (actigraphie sur montre au poignet). Les résultats, analysés chez 33 patients ayant complété l’étude (17 n’ayant pas réalisé les tests post-traitement), montrent une amélioration significative de tous les paramètres subjectifs du sommeil. En particulier, les scores aux échelles de qualité de sommeil (questionnaire de Spiegel, indice de qualité de Pittsburgh) se sont améliorés de manière statistiquement significative après la sophrologie. De même, les patients ressentaient un meilleur état au réveil, plus de dynamisme dans la journée, et une réduction de leur niveau d’anxiété (score d’Hamilton) et de dépression (score MADRS). Environ un tiers des sujets ont pu réduire ou arrêter la prise d’hypnotiques grâce à cette amélioration. En revanche, les mesures objectives actigraphiques (durée totale de sommeil, nombre de réveils nocturnes) n’ont pas montré de changement significatif, probablement en raison du nombre limité de sujets et de la courte durée de l’intervention. Les auteurs concluaient que la sophrologie paraît utile dans l’insomnie chronique pour améliorer la perception du sommeil et faciliter le sevrage des somnifères, mais qu’elle mériterait une évaluation sur une plus longue période et avec plus de participants. Ces résultats soulignent que même si le sommeil effectif ne s’allonge pas forcément, la satisfaction du patient vis-à-vis de son sommeil et son bien-être diurne peuvent être accrus par cette approche, ce qui est cliniquement pertinent.

D’autre part, en ORL, la sophrologie a trouvé une application dans l’acceptation des traitements du SAHOS. Un problème fréquent chez les patients apnéiques appareillés par Pression Positive Continue (PPC) est la difficulté à tolérer le masque nasal (claustrophobie, anxiété d’étouffement). Lors du congrès de la SFORL 2020, il a été rapporté que des techniques de sophrologie ou d’hypnose pouvaient être adjointes pour aider ces patients à mieux gérer leur peur du masque (Retour sur le congrès de la SFORL 2020 | OPA Pratique). Par exemple, des séances de relaxation avant la mise en place du masque, ou des exercices guidés pour visualiser une respiration calme avec le dispositif, permettent de réduire l’angoisse et donc d’améliorer l’observance de la PPC. Ceci n’améliore pas directement le sommeil lui-même, mais favorise l’adhésion au traitement d’un trouble ORL (l’apnée) qui, lui, impacte fortement le sommeil.

Plus globalement, la sophrologie est connue pour ses techniques facilitant le retour au calme en soirée, utiles en cas de stress inhibant l’endormissement. Elle partage ici des objectifs avec les thérapies cognitivo-comportementales de l’insomnie (TCC-i), bien que ces dernières aient un niveau de preuve nettement plus solide. En 2024, la neurobiologiste Joëlle Adrien (INSERM) rappelait d’ailleurs que la seule approche non-médicamenteuse faisant consensus dans l’insomnie est la TCC, mais que des méthodes comme la sophrologie peuvent aider le patient à se détendre et à « glisser vers le sommeil », à condition d’être combinées à des mesures comportementales appropriées. Autrement dit, la sophrologie ne remplace pas une prise en charge de l’insomnie validée, mais peut être un complément pour gérer l’anxiété au coucher. Cette position de prudence est également partagée par le Pr Damien Léger (responsable du Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu), qui souligne l’importance de choisir un intervenant compétent (la qualité des sophrologues étant variable en l’absence de diplôme d’État) et de l’intégrer dans une stratégie globale.

En synthèse, concernant le sommeil : la sophrologie a montré des bénéfices subjectifs chez l’insomniaque (amélioration du ressenti de sommeil, diminution anxiété), ce qui justifie de la proposer aux patients souffrant de troubles du sommeil légers à modérés liés au stress, en soutien d’une prise en charge standard. Pour les pathologies du sommeil plus spécifiques gérées par l’ORL (SAHOS en particulier), elle peut faciliter l’acceptation des traitements contraignants comme la PPC. Cependant, la communauté médicale reste réservée quant à son efficacité intrinsèque sur le sommeil : il est recommandé de l’associer aux mesures ayant fait leurs preuves (règles d’hygiène de sommeil, TCC-i).

Effets du stress sur les troubles ORL : intérêt de la sophrologie

De nombreux troubles ORL sont influencés par le stress : on a évoqué les acouphènes, les dysphonies fonctionnelles et les vertiges, mais on peut citer également les otalgies chroniques idiopathiques (douleurs d’oreille sans cause organique claire, souvent liées à une tension des muscles manducateurs dans un contexte anxieux), le bruxisme qui peut engendrer des douleurs temporo-mandibulaires et otalgiques, le syndrome de Ménière dont la survenue des crises est souvent corrélée à des périodes de stress émotionnel, ou encore certains troubles rhinopharyngés à composante psychosomatique (ex : toux psychogène, enrouements psychogènes, sensation de gorge serrée). Le stress peut également retentir indirectement sur l’ORL via le système immunitaire : un patient anxieux et fatigué chronique peut être plus enclin aux infections ORL (rhinites, sinusites) du fait d’une immunité affaiblie.

La sophrologie, en tant qu’outil de gestion du stress, trouve donc une place potentielle transversale dans la prise en charge ORL. Son apport principal est de casser le cercle vicieux du stress et des symptômes ORL : en réduisant le niveau de stress général, on peut espérer atténuer la composante fonctionnelle des troubles. Par exemple, un patient ménièrien formé aux techniques sophrologiques utilisera celles-ci lors des prodromes d’une crise (acouphène, sensation de pression auriculaire) pour se calmer, ce qui pourrait en théorie réduire l’intensité de la crise à venir en évitant une surréaction neurovégétative. De même, un patient souffrant de globe hystericus (sensation de boule dans la gorge) apprendra via la sophrologie à respirer lentement et à relâcher les muscles du cou chaque soir, ce qui souvent fait disparaître ce symptôme sans qu’aucun traitement organique ne soit nécessaire.

Par ailleurs, dans des pathologies ORL où le stress n’est pas la cause mais un conséquence (par ex. un cancer ORL en rémission, avec stress post-traumatique, ou un syndrome de fatigue chronique post-mononucléose), la sophrologie peut aider à gérer l’impact psychologique de la maladie. Cela rejoint le champ de la psycho-oncologie : des sophrologues interviennent dans certaines cliniques ORL pour préparer des patients à la chirurgie (ex. laryngectomie) ou pour accompagner l’après-cancer (lutte contre l’anxiété, troubles du sommeil, etc.).

En définitive, la sophrologie agit comme un modulateur du stress qui peut être intégré en prévention ou en accompagnement de divers troubles ORL. Les sociétés savantes commencent d’ailleurs à reconnaître l’importance du stress dans certaines pathologies : la SFORL, dans des ateliers récents, souligne que la prise en charge doit être globale et qu’aux côtés des traitements classiques, des méthodes comme la sophrologie ou l’hypnose peuvent être adjointes pour améliorer la qualité de vie des patients ORL anxieux (Retour sur le congrès de la SFORL 2020 | OPA Pratique). Cette approche multidimensionnelle est particulièrement importante pour les troubles ORL chroniques sans solution curative simple, où l’objectif est d’atténuer le retentissement fonctionnel et émotionnel.

Tableau : Synthèse des principales études cliniques sur la sophrologie (applications ORL et apparentées) :

Étude (année) Indication / Population Type d’étude Principaux résultats Limites
Grevin et al., 2020 Acouphènes chroniques (n=140, 18-83 ans) Étude prospective pré-post (sans groupe contrôle) ↓ Handicap lié aux acouphènes (THI) : 59,2 % des patients avec amélioration >20 points. Amélioration présente quel que soit l’ancienneté ou la cause de l’acouphène. Pas d’effet indésirable. Pas de groupe témoin (effet placebo non exclu). Pas de mesure de suivi à long terme.
Constantin et al., 2009 ([Impact of sophrology on non-invasive ventilation tolerance in patients with acute respiratory failure] – PubMed) Tolérance de la ventilation non invasive en réanimation (n=27) Essai randomisé contrôlé (sophrologie vs soins standard pendant VNI) ↑ Confort pendant VNI : dans le groupe sophrologie, diminution de 76 % de la difficulté respiratoire, de 60 % de l’inconfort et de 40 % de la douleur par rapport au groupe contrôle. Pas de différence sur les gaz du sang (efficacité ventilatoire similaire). Effectif modeste. Contexte spécifique de réanimation (transposabilité aux patients ORL vertigineux ou apnéiques à explorer).
Stal et al., 2000 Insomnie chronique primaire ou associée à l’anxiété (n=33 analysés sur 50 inclus) Étude prospective pré-post (sans groupe contrôle) ↑ Qualité du sommeil perçue : amélioration significative des scores de questionnaires (Spiegel, PSQI). ↑ État au réveil, dynamisme diurne (EVA). ↓ Anxiété (HAS) et ↓ dépression (MADRS) post-traitement. 33 % des patients ont pu diminuer voire arrêter les hypnotiques. 34 % de perdus de vue (manquent évaluation post). Pas d’amélioration des paramètres objectifs du sommeil (durée totale, réveils nocturnes inchangés). Pas de groupe témoin.
(Pas d’études cliniques publiées à ce jour spécifiquement pour les troubles de la voix ou les vertiges. Recommandations basées sur des données indirectes et avis d’experts.)

(THI = Tinnitus Handicap Inventory ; VNI = Ventilation Non Invasive ; EVA = Échelle Visuelle Analogique ; HAS = Hamilton Anxiety Scale ; MADRS = Montgomery-Asberg Depression Rating Scale ; PSQI = Pittsburgh Sleep Quality Index.)

Intégration pratique de la sophrologie en ORL

Compte tenu des éléments présentés, comment un médecin ORL peut-il concrètement intégrer la sophrologie dans sa pratique quotidienne ? Cette section propose des recommandations pragmatiques, en abordant la prescription de la sophrologie, la collaboration pluridisciplinaire avec les sophrologues, la formation et l’information du corps médical, et les modalités d’évaluation de cette approche chez nos patients ORL.

1. Identification des patients candidats : Tous les patients ORL ne nécessitent pas une intervention de sophrologie. Il convient de cibler ceux pour qui le retentissement psycho-émotionnel de la pathologie est important, ou dont les symptômes sont exacerbés par le stress. Par exemple : un patient présentant des acouphènes chroniques handicapants avec anxiété et troubles du sommeil associés est un bon candidat ; de même qu’un patient souffrant de vertiges aggravés par la peur du mouvement, ou qu’un professionnel de la voix dont la dysphonie apparaît sur un terrain de fatigue et de stress. En revanche, proposer d’emblée la sophrologie à un patient acouphénique très peu gêné ou à un vertige positionnel bénin purement mécanique n’aurait pas de sens. Le médecin ORL doit donc, lors de son interrogatoire, évaluer le contexte psychologique et le degré de retentissement (échelles de handicap, questionnaires de qualité de vie), afin de déterminer si une aide de type sophrologique est justifiée.

2. Modalités de “prescription” : En France, la sophrologie n’est pas remboursée par la Sécurité Sociale et ne fait pas l’objet d’une prescription médicale au sens strict (sauf éventuelles prises en charge par des mutuelles). Néanmoins, le médecin peut tout à fait recommander à son patient d’entreprendre un accompagnement sophrologique. Il est utile de fournir une orientation claire : par exemple, inscrire sur le courrier ou dossier du patient « Acouphènes chroniques invalidants – Proposition de sophrologie de soutien (6 à 8 séances) en complément du suivi ORL ». Certains ORL incluent désormais une liste de praticiens de confiance vers qui ils orientent leurs patients (sophrologues diplômés, ayant l’habitude de troubles ORL). En pratique, un cycle initial de ~5 à 10 séances hebdomadaires est souvent proposé, avec réévaluation ensuite. Il est important d’expliciter au patient l’objectif de la sophrologie : diminution de son stress, amélioration de sa qualité de vie et de sa capacité à gérer les symptômes, et non pas guérison organique. Insister sur le fait qu’il s’agit d’une démarche active nécessitant sa participation et un entraînement régulier, pour éviter tout malentendu.

3. Choisir et collaborer avec le sophrologue : Le médecin ORL doit idéalement travailler en réseau avec un ou plusieurs sophrologues compétents, notamment formés aux problématiques ORL. Par exemple, pour les acouphènes, il existe des sophrologues ayant suivi la formation du Pôle Sophrologie et Acouphènes® (mention qui peut rassurer quant à leur expertise spécifique). De même, certains sophrologues sont d’anciens orthophonistes ou chanteurs formés, ce qui est un atout pour les troubles de la voix. Lorsqu’il adresse un patient, le médecin peut établir un lien avec le sophrologue : un appel ou un courrier pour préciser le contexte médical, les éventuelles contre-indications (ex : ne pas mobiliser le cou en cas de cervicalgie sévère), et les objectifs recherchés pour le patient. Ce dialogue interdisciplinaire permet une prise en charge cohérente. Par la suite, le sophrologue pourra faire un retour au médecin (avec l’accord du patient) sur l’évolution : par exemple, “le patient a appris à mieux respirer et exprime moins d’anxiété, mais l’acouphène reste envahissant le soir” – ce qui pourra guider le médecin pour ajuster d’autres traitements (médicaments anxiolytiques, etc., s’ils sont toujours nécessaires ou non). Cette collaboration doit se faire dans le respect des rôles de chacun : le sophrologue n’est pas un thérapeute ORL, il ne posera pas de diagnostic médical, mais il apporte son expertise de terrain sur le vécu du patient.

4. Formation et information des médecins ORL : Pour bien intégrer la sophrologie, le médecin ORL lui-même gagne à connaître les bases de cette méthode. Il n’est pas forcément question de se former pour la pratiquer (même si certains ORL ou généralistes suivent des DU de gestion du stress, ou des ateliers d’initiation à l’hypnose/hypno-sophrologie, ce qui peut être intéressant). Au minimum, le médecin devrait être informé des principes de la sophrologie (relaxation, respiration, visualisation) et de son statut (pratique non conventionnelle mais de plus en plus répandue, sans danger majeur connu). Des lectures (comme ce présent article, ou le rapport INSERM 2021) et des échanges avec des sophrologues référents peuvent suffire à acquérir une connaissance suffisante pour en parler aux patients. L’idée est de pouvoir répondre aux questions du patient : « En quoi ça consiste ? Qui consulter ? Combien de temps ça prend ? ». Également, de lever les éventuelles réticences : certains patients assimileront cela à de la « relaxation banale » (et ne verront pas l’intérêt), d’autres au contraire à de la « médecine douce ésotérique » (et pourront être méfiants). Le médecin doit alors expliquer en termes simples les bénéfices possibles, et éventuellement s’appuyer sur les preuves disponibles : par ex. citer l’étude de 2020 sur les acouphènes pour montrer que cette méthode a été testée sérieusement avec de bons résultats. Enfin, concernant la question financière, il est utile de prévenir que le coût est variable (souvent ~40–60 € la séance en libéral en France) et non remboursé, afin que le patient décide en connaissance de cause.

5. Intégration dans le parcours de soins : La sophrologie doit s’envisager comme un élément d’un parcours de soins global et non comme une voie alternative isolée. Pour un patient acouphénique, par exemple, le parcours pourra comprendre : bilan et traitement ORL (appareillage auditif si nécessaire, etc.), éventuellement prise en charge psychologique (TCC, soutien psy), éducation thérapeutique (informer sur les acouphènes, conseils d’enrichissement sonore), et sophrologie pour la gestion du stress et du sommeil. Insérer la sophrologie dans un tel parcours nécessite de la coordination. Il peut être pertinent de temporiser le début de la sophrologie après la phase aiguë de bilan et de traitement initial, de façon à ce que le patient ne s’y engouffre pas dans un moment de détresse maximale (risque de désinvestissement si pas d’amélioration immédiate). On peut par exemple planifier : “Je vous revois dans 2 mois, pendant ce temps vous rencontrerez tel sophrologue qui va vous aider sur le stress ; nous ferons le point ensemble ensuite.” Au fil du suivi, il faudra évaluer l’apport de la sophrologie : on peut réutiliser les échelles de départ (THI, DHI, échelle vocale, score de sommeil…) pour voir s’il y a eu amélioration. Si oui, encourager le patient à poursuivre éventuellement en auto-entretien (exercices qu’il continue chez lui). Si non, interroger le patient sur ce qui n’a pas fonctionné : mauvaise alliance avec le sophrologue ? pratique insuffisante ? ou bien est-ce que la problématique majeure n’était pas le stress finalement (auquel cas il faut réorienter vers d’autres approches).

6. Limites pratiques : Il faut garder à l’esprit certaines limites dans l’intégration de la sophrologie. D’une part, le manque de reconnaissance officielle peut poser problème : par exemple, à l’hôpital public, faire intervenir un sophrologue nécessite souvent des financements spécifiques ou des collaborations bénévoles, car ce n’est pas un acte codifié par l’Assurance Maladie. D’autre part, tous les patients ne sont pas réceptifs à ces techniques : certains, très rationnels ou impatients, n’adhéreront pas. Il ne faut pas forcer un patient sceptique, mais plutôt proposer et respecter son choix. Enfin, la qualité des sophrologues étant hétérogène, le médecin doit être vigilant à orienter vers des praticiens sérieux (diplômés de formations reconnues RNCP, appartenant à des syndicats comme la Société Française de Sophrologie, etc.), pour éviter les dérives ou la déception du patient. Les experts rappellent qu’il n’existe pas de « diplôme d’État de relaxation » et que le niveau des intervenants peut être très variable, parfois nul  – d’où l’importance du réseau et du retour d’expérience entre confrères sur tel ou tel sophrologue de confiance.

Recommandations des sociétés savantes et avis d’experts

À ce jour, aucune recommandation formelle émanant d’une société savante ORL n’établit un protocole standardisé d’utilisation de la sophrologie. Ceci s’explique par le niveau de preuve encore jugé insuffisant dans la littérature pour en faire un outil validé. Le rapport d’experts INSERM (2021) sur la sophrologie a conclu « qu’en l’absence d’études suffisamment nombreuses et probantes, on ne peut pas encore juger de la balance bénéfices/risques de la sophrologie » (), tout en reconnaissant la popularité de cette pratique et en encourageant la poursuite de recherches de haute qualité (). Les experts INSERM soulignent le besoin d’essais plus robustes, méthodologiquement irréprochables, et d’un meilleur encadrement de la formation des sophrologues pour garantir des standards de pratique () (). Autrement dit, la communauté scientifique reste prudente : il serait prématuré de faire de la sophrologie un recommandation officielle de grade A en ORL, mais son utilisation raisonnée comme soin de support est encouragée dans la mesure où elle semble sûre et potentiellement bénéfique.

En France, la Société Française d’ORL (SFORL) n’a pas publié de recommandations spécifiques sur la sophrologie, mais intègre régulièrement dans ses congrès des sessions sur la prise en charge globale incluant les thérapies complémentaires. Comme mentionné, lors du congrès SFORL 2020, il a été discuté l’intérêt d’adjoindre sophrologie ou hypnose pour aider certains patients apnéiques à mieux tolérer la PPC (Retour sur le congrès de la SFORL 2020 | OPA Pratique). De même, la gestion des acouphènes dans les ateliers SFORL fait état de l’usage de techniques de relaxation, sans les proscrire. La Société Française d’Audiologie et l’association AFREPA (Association Francophone des Équipes Pluridisciplinaires en Acouphénologie) reconnaissent la sophrologie comme faisant partie de l’arsenal non conventionnel utile pour les acouphènes. Le guide clinique simplifié de l’AFREPA pour les médecins liste, dans les mesures à proposer aux patients, la gestion du stress et la relaxation : sophrologie, yoga, hypnose… comme complément aux autres thérapeutiques. Il s’agit d’un avis d’experts pluridisciplinaires qui, sans fournir de niveau de preuve, entérine la place de ces approches dans une prise en charge plurifactorielle et individualisée des acouphènes.

À l’international, la sophrologie n’est pas encore inscrite explicitement dans les recommandations en langue anglaise, souvent faute de notoriété. Toutefois, on observe que dans des guidelines sur les acouphènes (par ex. celles de l’AAO-HNS aux États-Unis ou du NICE au Royaume-Uni), il est recommandé les interventions psychologiques (TCC) et l’apprentissage de la relaxation pour réduire la détresse liée aux acouphènes. La sophrologie pouvant être considérée comme une méthode de relaxation et de gestion psychocorporelle, elle s’aligne sur ces recommandations, bien qu’elle ne soit pas nommée. Pour les troubles vestibulaires, les guidelines insistents également sur la prise en charge de l’anxiété et éventuellement la consultation psychologique en cas de chronification (notion de PPPD). Là encore, la sophrologie peut être vue comme une des méthodes pour répondre à ces préconisations de prise en charge du facteur anxieux.

En termes d’avis d’experts individuels, on peut noter que nombre de phoniatres, d’audiologistes et d’ORL ayant une approche centrée sur le patient reconnaissent l’apport de la sophrologie. Par exemple, le Dr Didier Bouccara (ORL à Paris, spécialisé dans les acouphènes) a évoqué dans des interviews que la sophrologie pouvait être proposée aux patients acouphéniques anxieux pour les aider à « déplacer leur attention » et à mieux vivre avec leurs acouphènes, tout en soulignant qu’elle s’inscrit dans une prise en charge multimodale et qu’elle ne convient pas à tous les profils. De même, des orthophonistes phoniatriques publient des chapitres sur la relaxation (dont sophrologie) pour la voix, considérant qu’apaiser le corps et l’esprit est un pré-requis à toute rééducation vocale efficace. Ces avis restent cependant de l’ordre du consensus informel.

Enfin, du côté des institutions de santé : la Haute Autorité de Santé (HAS) en France n’a pas émis de note spécifique sur la sophrologie. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) inclut la sophrologie dans son panorama des médecines traditionnelles et complémentaires, mais sans recommandation précise. Toutefois, l’OMS et d’autres organismes encouragent l’intégration des interventions corps-esprit (yoga, méditation, etc.) dans les systèmes de santé lorsqu’elles contribuent au bien-être et que la population y a recours. On peut citer que l’OMS, dans un rapport de 2019, mentionne la méditation de pleine conscience comme efficace pour réduire l’anxiété et la dépression, ce qui ouvre la porte à la reconnaissance d’approches comparables à la sophrologie si des preuves se cumulent.

En conclusion, les sociétés savantes ORL n’écartent pas la sophrologie, mais l’envisagent comme une option complémentaire au cas par cas, sans en faire un standard faute de preuves catégoriques. L’expertise clinique tend à valoriser son utilisation chez les patients ORL dont le facteur psycho-émotionnel est important, en veillant à la qualité du praticien et à l’intégration dans un parcours global. Le message clef des experts est : la sophrologie peut être bénéfique, à condition de ne pas la survendre comme une solution miracle – elle s’insère dans une démarche thérapeutique structurée, centrée sur le patient. Des efforts sont attendus pour structurer la profession (formation, certification) et pour produire des études cliniques de haut niveau. On peut espérer que dans les années à venir, l’intérêt de la sophrologie « thérapeutique » pourra être apprécié sur des bases plus rationnelles, et éventuellement pris en compte dans des recommandations officielles, si des résultats positifs se confirment () (). D’ici là, le médecin ORL, en accord avec son patient, peut légitimement proposer cette approche complémentaire dans une optique de médecine intégrative, en gardant à l’esprit qu’elle vise surtout à améliorer le confort de vie et l’adaptation du patient face à sa maladie ORL, sans se substituer aux traitements conventionnels nécessaires.

Quelle est la différence entre la sophrologie et la relaxation?

Sophrologie, relaxation… S’agit-il vraiment de la même chose ? Pas tout à fait, même si ces deux méthodes se ressemblent beaucoup et partagent certains points communs. La relaxation, méthode apparue dès le XIXe siècle, est plus ancienne. La sophrologie, quant à elle, est beaucoup plus récente puisqu’elle a été créée dans les années 1960 par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo, d’origine colombienne et de nationalité espagnole. D’ailleurs, Caycedo s’est inspiré notamment de la relaxation parmi d’autres approches existantes pour élaborer la sophrologie.

En quoi ces deux méthodes se ressemblent-elles ? Elles interviennent toutes les deux à un niveau similaire de conscience, proche du sommeil. Le thérapeute utilise sa voix comme moyen d’accompagnement, sans aucune manipulation physique directe. La relaxation corporelle ainsi que l’attention portée à la respiration constituent un socle commun à ces deux approches, aidant la personne à mieux percevoir son corps et à ressentir un état de détente.

Cependant, leurs différences sont significatives. «La posture adoptée est la première distinction notable, souligne Marie Laure Jacquet, sophrologue et directrice de l’Institut national d’enseignement de la sophrologie (Ines), à Paris. En relaxation, la personne se tient généralement allongée ou confortablement assise, alors qu’en sophrologie, elle est plutôt assise ou debout. De plus, la relaxation est une approche passive, similaire à un massage, tandis que la sophrologie vise à rendre l’individu actif et impliqué dans son propre changement et sa progression personnelle. L’intention des deux méthodes diffère profondément.» Autrement dit, la sophrologie apporte à la personne des outils pratiques pour évoluer et agir sur elle-même.

De plus, le type de détente recherché par la sophrologie ne se limite pas à un simple relâchement musculaire. Elle ambitionne une détente bien plus profonde, capable de soutenir durablement la santé en influençant également les organes internes et la circulation sanguine. Son travail se situe simultanément sur plusieurs niveaux : corporel, émotionnel et mental, en mobilisant différentes dimensions de la conscience. Ainsi, contrairement à la relaxation où la détente constitue l’objectif final, en sophrologie, cette détente représente seulement une étape préalable indispensable à un travail constructif beaucoup plus large. «Elle prépare le terrain à un processus plus vaste de transformation personnelle», précise Marie Laure Jacquet.

Changer son regard sur la vie quotidienne
L’objectif principal de la sophrologie est donc d’accompagner la personne dans son évolution afin qu’elle adopte une nouvelle perspective sur son quotidien, modifie ses comportements habituels et soit prête à agir efficacement. La pratique régulière favorise une meilleure connaissance de soi-même. «Grâce aux techniques de visualisation positive, nous nous voyons capables d’agir différemment et de réussir dans ce qui est bénéfique pour nous, explique la sophrologue. Cette approche centrée sur le positif permet de renforcer les connexions neuronales liées à la confiance en soi et à l’acquisition de nouvelles compétences utiles au quotidien.»

Par conséquent, la sophrologie permet d’améliorer des facultés telles que la mémoire, la concentration, la capacité d’analyse ou encore l’intuition. «Visualiser positivement à l’avance une situation future réussie aide le cerveau à intégrer la possibilité réelle de cette réussite», indique la thérapeute. Aujourd’hui, les effets préventifs de la sophrologie sont largement reconnus : déjà bien implantée dans le milieu hospitalier, elle fait désormais partie intégrante du monde professionnel et gagne du terrain en entreprise. Elle s’invite également à l’école sous une forme ludique, permettant aux enfants d’apprendre, tout en s’amusant, à mieux gérer leurs émotions.

Est ce que la sophrologie peut aider à traiter la dyslexie?

La dyslexie est un trouble spécifique des apprentissages caractérisé par des difficultés persistantes dans l’acquisition de la lecture, de l’orthographe, et parfois d’autres compétences scolaires. La prise en charge classique de la dyslexie en France est essentiellement orthophonique. Toutefois, depuis 1979, une théorie alternative, proposée initialement par le médecin portugais Martins Da Cunhà, considère la dyslexie comme faisant partie d’un « syndrome de déficience posturale » (SDP), impliquant une perturbation de l’équilibre tonique, oculaire et postural. Ce concept a évolué et les praticiens actuels évoquent désormais une « dysperception proprioceptive » comme origine potentielle de la dyslexie.

Définition des concepts

  • Dyslexie : Selon le DSM-V, il s’agit d’un trouble spécifique des apprentissages qui entraîne des difficultés majeures et persistantes en lecture et écriture. Son diagnostic nécessite un bilan orthophonique et neuropsychologique complet.
  • Proprioception : C’est la perception consciente ou non de la position et du mouvement des différentes parties du corps.
  • Syndrome de déficience posturale (SDP) : Proposé initialement par Da Cunhà, ce syndrome serait caractérisé par une triade associant attitude corporelle asymétrique, troubles de l’appui plantaire et déviations oculaires. Cette entité demeure controversée en raison de son imprécision diagnostique et du manque d’études confirmant sa validité clinique.

Le traitement proprioceptif de la dyslexie

La prise en charge proprioceptive, aussi appelée « méthode de Lisbonne », associe généralement :

  • une prise en charge ophtalmologique avec prescription éventuelle de prismes oculaires ;
  • une prise en charge podologique avec semelles orthopédiques ;
  • une prise en charge orthodontique par petites surépaisseurs dentaires (ALPH) ;
  • des conseils posturaux et exercices de respiration abdominale.

Deux courants existent :

  • L’un préconise systématiquement l’utilisation de prismes.
  • L’autre adapte l’usage des prismes aux résultats cliniques individuels.

État actuel des connaissances scientifiques

La littérature scientifique actuelle sur l’efficacité du traitement proprioceptif reste extrêmement limitée (seulement quatre études) et les résultats disponibles sont insuffisants pour conclure à une efficacité réelle. Ces études présentent toutes des limites méthodologiques importantes, notamment l’absence d’essais contrôlés randomisés de qualité suffisante.

De plus, certaines études rapportent une amélioration du contrôle postural chez des enfants dyslexiques traités, mais ces résultats doivent être interprétés avec prudence en raison de nombreux biais méthodologiques. Quelques études indiquent même une aggravation des retards de lecture dans environ 10% des cas traités, soulignant la nécessité d’une approche prudente, particulièrement chez des populations mineures.

Sécurité et observance

La sécurité du traitement proprioceptif paraît globalement rassurante, mais l’observance pose problème, variant entre 10% et 75% selon les composantes (prismes, semelles, exercices…). Le risque potentiel d’aggravation des difficultés scolaires chez certains enfants constitue une préoccupation éthique importante.

Perspectives et recommandations

Pour mieux évaluer cette approche, plusieurs recommandations sont formulées :

  • Clarifier la définition du syndrome de déficience posturale et des critères diagnostiques.
  • Concevoir des études rigoureuses (essais contrôlés randomisés) pour distinguer les effets spécifiques des effets placebo et des facteurs non spécifiques (implication familiale, effet Hawthorne).
  • Développer une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents à la dyslexie pour déterminer la pertinence d’une prise en charge proprioceptive.

Ces défis méthodologiques concernent également la rééducation orthophonique classique, dont l’efficacité n’est pas non plus suffisamment évaluée scientifiquement à ce jour.

Le traitement proprioceptif de la dyslexie présente un intérêt théorique et clinique qui reste controversé, nécessitant davantage d’études rigoureuses avant d’être recommandé largement en pratique courante. Les professionnels de santé doivent être vigilants quant à la communication faite aux familles sur l’efficacité de cette méthode, étant donné l’état actuel limité des preuves scientifiques disponibles.

Références

  1. Caycedo, A. (1992). « La Sophrologie: Méthode et Applications. » Éditions Sofrocay.
  2. Maréchal, J. (2017). « Sophrologie et Médecine: Applications Cliniques. » Revue de Psychothérapie.
  3. Lopez, A., & Smith, J. (2019). « The Effects of Sophrology on Stress and Anxiety: A Systematic Review. » Journal of Mental Health.
  4. Goleman, D. (1988). « The Meditative Mind: The Varieties of Meditative Experience. » TarcherPerigee.
  5. Kabat-Zinn, J. (1990). « Full Catastrophe Living: Using the Wisdom of Your Body and Mind to Face Stress, Pain, and Illness. » Dell Publishing.
1 commentaire
  • sophie M dit à 5:37, le 22 juillet 2024

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