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L’effort d’écoute est le processus cognitif volontaire mobilisé pour comprendre et traiter les informations auditives. Ce concept décrit l’ensemble des ressources mentales qu’une personne engage pour compenser les difficultés liées à une perception sonore altérée. Chez les personnes malentendantes, cette tâche est particulièrement exigeante, car la perte d’audition rend certains indices acoustiques moins accessibles, nécessitant un traitement compensatoire par d’autres fonctions cognitives, telles que l’attention et la mémoire de travail.
Bien que l’appareillage auditif améliore l’accès aux sons, il ne rétablit pas toujours complètement la compréhension, en particulier dans des environnements complexes (bruit, réverbération). Cela maintient une demande cognitive élevée, surtout pour distinguer la parole dans des conditions bruyantes ou fluctuantes.
L’effort d’écoute dépend de plusieurs facteurs :
L’évaluation de l’effort d’écoute est complexe, car il s’agit d’un phénomène multidimensionnel influencé par des facteurs subjectifs et objectifs. Les approches actuelles se divisent en deux catégories :
L’effort d’écoute se distingue par sa dimension multidimensionnelle :
Les appareils auditifs jouent un rôle crucial dans la modulation de cet effort. Ils améliorent l’accès au signal sonore, mais les limitations technologiques, comme la difficulté à réduire le bruit de fond, maintiennent un certain niveau d’effort requis.
Les recherches récentes suggèrent que l’effort d’écoute pourrait servir d’indicateur complémentaire aux tests d’intelligibilité pour évaluer l’efficacité des appareils auditifs. Une prise en compte systématique de cet effort permettrait de :
L’effort d’écoute est étroitement lié à la motivation, qui dépend de l’évaluation par l’individu du rapport entre l’effort à fournir et la probabilité de réussir la tâche auditive. Un effort prolongé peut générer du stress, des stratégies d’évitement ou un désengagement social, impactant négativement les capacités cognitives, comme l’explique Emmanuèle Ambert-Dahan, psychologue cognitive et orthophoniste. Cet effort est influencé par les capacités cognitives individuelles, les caractéristiques de l’interlocuteur et l’environnement sonore.
Une hypothèse émergente suggère que l’effort d’écoute requis par la perte auditive pourrait contribuer au déclin cognitif, en augmentant la charge sur les fonctions cérébrales et en favorisant des processus dégénératifs, comme le dépôt de protéine tau. Cela pose un double défi pour les patients présentant à la fois des déficits auditifs et cognitifs, nécessitant une approche interdisciplinaire. Une évaluation adaptée, tenant compte des particularités cognitives, est essentielle pour optimiser les bénéfices de l’appareillage auditif.
Les biomarqueurs, comme les protéines tau et bêta-amyloïde, pourraient révolutionner la détection précoce des troubles cognitifs liés à la surdité. À terme, de nouvelles technologies (capteurs intégrés aux appareils auditifs, algorithmes d’intelligence artificielle) pourraient évaluer en continu l’effort d’écoute et ajuster automatiquement les réglages pour maximiser le confort et la compréhension.
Les biomarqueurs, jusque-là détectés via le liquide céphalo-rachidien, pourraient bientôt être identifiés dans le sang grâce à de nouvelles technologies. Cela facilitera un diagnostic précoce des troubles cognitifs et permettra d’intervenir dans des conditions optimales, maximisant ainsi l’impact positif de l’appareillage auditif sur la préservation des fonctions cognitives.
L’effort d’écoute est un enjeu majeur pour les personnes malentendantes, influençant leur qualité de vie, leur cognition et leur engagement social. Les avancées dans les outils d’évaluation et les technologies d’appareillage offrent de nouvelles perspectives pour réduire cet effort, mais une approche interdisciplinaire, associant audiologie, psychologie et neurosciences, reste essentielle pour relever les défis liés à la perte auditive.
Les personnes malentendantes, en raison de leur sensibilité réduite aux indices sonores, mobilisent davantage de ressources cognitives pour traiter les stimuli auditifs. Ce phénomène, appelé effort d’écoute, se traduit par une concentration accrue, même avec un appareillage auditif. Toutefois, comprendre la parole dans un environnement bruyant reste une tâche exigeante, susceptible d’entraîner une fatigue cognitive qui réduit la capacité de compréhension.
L’évaluation et la gestion de l’effort d’écoute nécessitent une approche globale intégrant audiologie et cognition. En collaboration avec les spécialistes, les audioprothésistes pourront ajuster leurs pratiques pour mieux répondre aux besoins des patients, en plaçant leur qualité de vie au cœur des priorités.