L’acouphène pulsatile est un type d’acouphène caractérisé par un son rythmique, souvent synchronisé avec les battements du cœur. Il peut être perçu dans une oreille ou dans les deux et est généralement décrit comme un bruit sourd ou palpitant. A la différence des acouphènes subjectifs classiques, il est souvent d’origine vasculaire et peut révéler des pathologies sous-jacentes graves.

Contrairement aux autres formes d’acouphènes, l’acouphène pulsatile peut parfois être détecté par un professionnel de santé lors d’un examen, ce qui en fait une condition objective plutôt que purement subjective. Les sons perçus varient en intensité et en tonalité, allant d’un bourdonnement discret à un grincement aigu. Dans certains cas, ils peuvent devenir si envahissants qu’ils perturbent la concentration et altèrent l’audition des bruits extérieurs.

Ce phénomène est en réalité un symptôme d’un trouble sous-jacent affectant le flux sanguin à proximité de l’oreille. Contrairement à une idée reçue, il n’est pas aussi rare qu’on le pense. Une étude menée auprès de 2 613 patients atteints de dysplasie fibromusculaire, une affection des artère, a révélé que 37,2 % (soit 972 patients) souffraient d’acouphènes pulsatiles.

Quelle est l’origine d’un acouphène pulsatile?

Les acouphènes pulsatiles sont généralement liés à des modifications du flux sanguin à proximité de l’oreille. Ces anomalies peuvent être causées par divers troubles vasculaires, neurologiques ou musculaires. Voici les principales causes de cette affection :

1. Hypertension artérielle

L’hypertension artérielle est l’une des causes les plus fréquentes des acouphènes pulsatiles. Une pression sanguine élevée peut créer des turbulences dans le flux sanguin, en particulier dans les vaisseaux situés à proximité de l’oreille. Ces turbulences peuvent être perçues sous forme de pulsations rythmées, synchronisées avec les battements du cœur. Dans certains cas, la prise en charge de l’hypertension par des médicaments et des ajustements du mode de vie peut atténuer ces bruits.

2. Flux sanguin turbulent

Lorsque le flux sanguin devient irrégulier dans les vaisseaux, il peut générer un bruit pulsatile. Ce phénomène peut être causé par plusieurs facteurs :

  • Athérosclérose : L’accumulation de plaques de cholestérol sur les parois des artères entraîne un rétrécissement des vaisseaux, provoquant un écoulement sanguin turbulent. Ce phénomène est particulièrement fréquent dans les artères carotides et peut entraîner des acouphènes pulsatiles.
  • Malformations vasculaires : Certaines anomalies congénitales ou acquises des vaisseaux sanguins, comme des fistules artério-veineuses (connexions anormales entre artères et veines), peuvent perturber la circulation sanguine et générer un bruit pulsatile dans l’oreille.

3. Tumeurs vasculaires

Dans de rares cas, la présence d’une tumeur glomique (paragangliome) dans la tête ou le cou peut être à l’origine d’acouphènes pulsatiles. Ces tumeurs, bien que généralement bénignes, se développent à proximité des vaisseaux sanguins et peuvent comprimer des structures voisines, altérant ainsi le flux sanguin et provoquant des bruits pulsatiles. Une imagerie médicale, comme une IRM ou un scanner, est souvent nécessaire pour identifier ces anomalies.

4. Troubles musculaires de l’oreille

Des contractions involontaires des muscles de l’oreille moyenne, notamment du muscle tenseur du tympan et du muscle de l’étrier, peuvent produire un bruit pulsatile ou un cliquetis dans l’oreille. Ces spasmes musculaires, bien que rares, peuvent être causés par :

  • Des troubles neurologiques, comme la sclérose en plaques.
  • Une irritation des nerfs contrôlant ces muscles.
  • Des tensions musculaires excessives dans la région du cou et de la mâchoire.

5. Sténose de la veine jugulaire interne

La sténose (rétrécissement) de la veine jugulaire interne peut entraîner un flux sanguin anormalement rapide et turbulent. Ce phénomène peut générer un bruit pulsatile, perceptible surtout en position allongée ou lorsque la pression intracrânienne varie. Ce type de sténose peut être congénital ou survenir après une thrombose veineuse (caillot sanguin).

6. Hypertension intracrânienne idiopathique

L’hypertension intracrânienne idiopathique (HII) est une condition où la pression à l’intérieur du crâne augmente sans cause apparente. Elle est souvent observée chez les femmes jeunes en surpoids et peut entraîner plusieurs symptômes, dont :

  • Des maux de tête persistants.
  • Une vision floue ou des troubles visuels.
  • Des acouphènes pulsatiles.

Des études ont mis en évidence un lien entre l’HII et certaines anomalies vasculaires du cerveau, comme :

  • La sténose du sinus transverse, qui est un rétrécissement des principales veines cérébrales.
  • Le diverticule du sinus sigmoïde, une petite poche anormale qui perturbe l’écoulement du sang.

Ces anomalies favorisent des turbulences dans le flux sanguin cérébral, ce qui peut provoquer des acouphènes pulsatiles.

7. Sténose du sinus veineux

Les sinus veineux cérébraux sont des structures permettant le drainage du sang du cerveau vers la circulation générale. Lorsqu’un rétrécissement (sténose) affecte ces sinus, le flux sanguin devient turbulent, entraînant des bruits pulsatiles perçus par le patient. Cette condition est souvent détectée grâce à une angiographie cérébrale et peut nécessiter un traitement spécifique, comme la pose d’un stent pour rétablir un flux sanguin normal.

L’acouphène pulsatile est majoritairement d’origine vasculaire, bien que d’autres causes puissent exister. Il est classiquement divisé en deux grandes catégories :

  1. Acouphène pulsatile objectif (entendu par l’examinateur) :
    • Généré par un flux sanguin anormalement turbulent
    • Origine artérielle (sténose carotidienne, malformation artério-veineuse, dissection artérielle)
    • Origine veineuse (hypertension intracrânienne idiopathique, tortuosité jugulaire)
  2. Acouphène pulsatile subjectif (perçu uniquement par le patient) :
    • Hyperacousie vasculaire due à une augmentation de la perception du flux sanguin
    • Dysfonction tubaire pouvant amplifier les sons vasculaires
    • Dysautonomie et troubles neurologiques

Le lien entre les structures vasculaires et auditives explique la transmission du bruit vasculaire dans l’oreille interne, souvent par des connexions anormales entre les vaisseaux ou une hypervascularisation locale.

Comment se diagnostique un acouphène pulsatile?

Le diagnostic d’un acouphène pulsatile repose sur un interrogatoire rigoureux et un examen clinique approfondi.

Interrogatoire

  • Caractéristiques du bruit (rythmé, unilatéral ou bilatéral, continu ou intermittent)
  • Facteurs aggravants (position, effort, compression du cou)
  • Antécédents médicaux (HTA, dyslipidémie, pathologie vasculaire, traumatisme crânien)
  • Symptômes associés (vertiges, troubles visuels, céphalées)

Examen clinique

  • Otoscopie : Rechercher une hypervascularisation tympanique (glomus tympanique)
  • Auscultation cervico-crânienne : Recherche de souffles vasculaires
  • Test de compression jugulaire : Diminution ou disparition du bruit si dépendance veineuse

Examens Complémentaires

  • IRM/Angio-IRM cérébrale et des troncs supra-aortiques : Recherche de malformations artério-veineuses, tumeurs glomiques ou hypertension intracrânienne idiopathique
  • Doppler cervical et transcrânien : Analyse du flux artériel et veineux
  • Angio-TDM cérébrale : Exploration des sténoses et anévrismes
  • Ponction lombaire (si HTIC suspectée) : Mesure de la pression intracrânienne

Symptômes

Les patients atteints d’acouphènes pulsatiles décrivent généralement :

  • Un bruit rythmique synchrone au pouls, souvent unilatéral
  • Une modification selon la position (accentuation en position couchée si HTIC)
  • Une réduction temporaire avec la compression jugulaire
  • Des céphalées, troubles visuels ou vertiges si une pathologie sous-jacente est présente
  • Sensation d’oreille bouchée

Comment traiter un acouphène pulsatile?

Si vous ressentez un acouphène pulsatile persistant, surtout s’il est unilatéral (d’un seul côté) ou accompagné d’autres symptômes neurologiques, il est conseillé de consulter un médecin ORL ou un neurologue. Un Doppler des carotides, une IRM cérébrale ou une angiographie peuvent être nécessaires pour explorer la cause sous-jacente.

Le traitement des acouphènes pulsatiles repose sur la prise en charge de la cause sous-jacente.

Traitements étiologiques

  1. Pathologies vasculaires :
    • Sténose carotidienne : traitement endovasculaire ou chirurgical
    • Malformations artério-veineuses : embolisation ou chirurgie
    • Hypertension intracrânienne idiopathique : perte pondérale, acétazolamide, dérivation lombo-péritonéale
  2. Causes tumorales :
    • Paragangliomes tympano-jugulaires : exérèse chirurgicale ou radiothérapie
    • Méningiomes de la base du crâne : traitement chirurgical selon la localisation
  3. Dysfonction tubaire :
    • Aération tubaire (auto-insufflation, traitement médical ou chirurgical si nécessaire)

Traitements symptomatiques

Si aucune cause curable n’est identifiée, plusieurs approches peuvent être proposées :

  • Thérapie sonore : Bruit blanc ou générateurs de sons pour masquer l’acouphène après l’avoir évalué
  • Médicaments : Bêtabloquants, anticonvulsivants ou anxiolytiques selon le contexte
  • Neurostimulation : Approches en développement ciblant le traitement des acouphènes chroniques

Un acouphène pulsatile peut-il provoquer un AVC?

L’acouphène pulsatile est un type d’acouphène où une personne perçoit des bruits rythmés en phase avec son pouls. Cela est souvent lié à des anomalies du flux sanguin près de l’oreille ou du cerveau.

Certains troubles vasculaires pouvant causer des acouphènes pulsatiles sont également des facteurs de risque d’AVC, notamment :

  • Sténose carotidienne : Rétrécissement des artères carotides pouvant réduire le flux sanguin vers le cerveau et provoquer un AVC.
  • Dissection de l’artère carotide ou vertébrale : Déchirure dans la paroi d’une artère pouvant provoquer un caillot sanguin et un AVC.
  • Hypertension artérielle : Peut favoriser des anomalies du flux sanguin, augmentant le risque d’AVC.
  • Malformation artério-veineuse (MAV) ou fistule durale : Des connexions anormales entre les artères et les veines du cerveau peuvent provoquer des acouphènes pulsatiles et augmenter le risque d’hémorragie cérébrale.

Si un acouphène pulsatile est accompagné de symptômes tels que :

  • Faiblesse ou engourdissement d’un côté du corps,
  • Troubles de la vision ou du langage,
  • Perte d’équilibre ou vertiges sévères,
  • Mal de tête intense et soudain, → Il faut consulter en urgence, car cela pourrait être un signe d’AVC.

L’acouphène pulsatile est un symptôme qui nécessite une exploration approfondie en raison de ses multiples causes potentielles, dont certaines sont graves. Une approche diagnostique rigoureuse permet d’orienter efficacement le patient vers une prise en charge adaptée. L’ORL joue un rôle central dans cette démarche, en collaboration avec les neurologues, radiologues et angiologues.

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